Résumé de la 2e partie n Quand l'ascenseur est bloqué au 3e étage, on évoque l'esprit de Sir Arthur. Il y a vécu les meilleurs moments de sa vie. Mais oui, mon bon monsieur. D'ailleurs, si vous voulez profiter de l'occasion, il est quelque part dans l'immeuble juste en ce moment. Sans doute sur le palier du troisième. Mais il vous faudra monter à pied. Il vient justement d'arrêter l'ascenseur. Il dit que ça lui tape sur les nerfs. Le visiteur curieux hésite et ressort précipitamment de l'immeuble, sans demander son reste. Depuis quelques années, l'ascenseur d'Harley Street tombe moins souvent en panne. Sir Arthur a toujours été à la pointe du progrès. Il s'est toujours intéressé aux nouveautés. Ainsi, quand il est mort, le cinéma était encore à ses débuts... Longtemps après, à Hollywood, un projet voit le jour : — Et si on tournait un film sur Sherlock Holmes ? — Ce n'est pas une idée bien nouvelle. On a déjà tiré un nombre respectable de sujets en prenant pour base les œuvres de Conan Doyle ! — Oui, mais là on pourrait broder. Au lieu de s'inspirer d'une aventure de Sherlock Holmes, on pourrait explorer le personnage sous un angle nouveau. On pourrait le voir dans l'intimité. Ses rapports un peu sadomasochistes avec le docteur Watson, la manière dont il se drogue à l'éther, sa vie sexuelle. — Sa vie sexuelle ? Elle est nulle. Et, sur ce sujet, il y aurait sans doute beaucoup à dire... C'est ainsi que le film qui sort mêle intrigue d'espionnage et aventure sentimentale. Le monstre du loch Ness y apparaît dans toute sa splendeur. Et les scènes de franche comédie sont particulièrement réussies. Qu'a bien pu penser Sir Arthur de là-haut ? On ne le saura vraiment jamais. Mais, en tout cas, on peut être certain qu'il a suivi la production du film de près. De très près même... Ainsi, après le tournage avec Christopher Lee et Geneviève Page, vient le montage. C'est souvent là, que le film prend tout son style, son rythme. Dans la cabine où le monteur en chef examinait toutes les séquences à la loupe, on entend une exclamation de surprise : — Dites donc, monsieur Wilder, venez voir un peu. Il y a quelque chose d'étrange ! Billy Wilder, le réalisateur, se penche sur l'œilleton qui permet de voir la pellicule, image par image : — Tiens, oui, c'est bizarre. On dirait qu'il y a quelqu'un dans le champ ! Il était impossible que, pendant le tournage, un inconnu se soit trouvé dans le champ : si cela s'était produit, le cadreur, la scripte, le chef éclairagiste, un assistant ou l'une des cent personnes qui étaient constamment aux aguets, se serait certainement aperçu de sa présence. Si c'est le cas quelqu'un hurle : «Coupez !» Et il y a une explication plus ou moins orageuse entre le réalisateur et celui qui aurait dû empêcher l'intrus de se «fourrer dans le champ». — Comment ce gros bonhomme peut-il être là ? — D'autant plus qu'on ne voit que sa tête. Le chef monteur regarde à nouveau la tête joviale, moustachue qui apparaît sur une séquence de quelques images : — Mais je le reconnais, ce visage ! C'est celui de Sir Arthur Conan Doyle. J'en suis certain. Et dire qu'il est mort depuis trente-huit ans ! Billy Wilder frissonne un peu mais il se sent heureux. Sir Arthur Conan Doyle vient certainement d'approuver le film en apparaissant sur la pellicule.