Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Amar Tou, s'est exprimé, hier, lors de l'ouverture de la Journée mondiale de lutte contre le sida, organisée à l'Institut Pasteur d'Algérie. M. Tou, après un rappel des statistiques afférant à la situation algérienne face au sida, a insisté sur “la nécessité, pour les citoyens algériens, de briser les tabous socioculturels qui faussent les chiffres et qui augmentent les risques de contamination”. Il emboîte, à ce sujet, le pas au ministère des Affaires religieuses qui avait instruit les imams à l'effet d'inviter les fidèles à dépasser l'interdit qui entoure cette maladie et d'en parler sans complexe. Le ministre de la Santé a exhorté “les Algériens à se rendre aux centres anonymes de dépistage du sida qui sont au nombre de 54 accessibles à travers tout le territoire algérien”. Il a également annoncé la signature imminente d'un arrêté ministériel qui porte sur “l'obligation aux médecins publics comme privés d'effectuer les testes sérologiques pour chaque prise de sang et de les transmettre pour confirmation à l'Institut Pasteur, ce qui permettra d'établir de vraies statistiques afin d'appréhender ce mal de la façon la plus optimale”. Par ailleurs, le président du Comité national de lutte contre le sida, le professeur Abdelwahab Dif, a précisé la problématique de la prise en charge des malades. En Algérie, celle-ci ne réside pas dans la disponibilité des soins. Il a expliqué que “la prise en charge médicale des malades n'est plus un problème”. En effet, et contrairement à d'autres pays, l'Algérie est en mesure de procurer les soins médicaux nécessaires aux sidéens. Le problème réside plutôt dans la prise en charge sociale, plus précisément dans l'exclusion socioculturelle dont souffrent les malades du sida. M. Dif a donc lancé un appel à la société civile pour les accepter et aider à les faire accepter malgré leur maladie, et à l'Etat pour les aider à affronter toutes les difficultés auxquelles ils font face quotidiennement. L'Algérie est “un pays à faible prévalence” comme le précise Pr Dif. Mais, les chiffres cumulés depuis 1985 de 700 cas déclarés et 2 092 séropositifs est loin de refléter la réalité, selon lui. “Il ne faudrait donc pas baisser de vigilance”, avertit-il. Amina Hadjiat