Au siège de la BRC, l'ambiance est très tendue. Des versets du Coran sont diffusés en boucle. La direction de la société s'est refusée de faire le moindre commentaire sur l'événement tragique. Stigmatisées pour leur imprévoyance, dépassées par les événements, les autorités en charge du dossier sécuritaire se sont murées, hier, dans un silence total. Seul un communiqué du ministère de l'intérieur et des collectivités locales a tenté de relater les faits quelques heures après l'attentat qui a ciblé un bus de la compagnie américaine BRC (Brown Root and condor). Le terrorisme a frappé là où l'on s'y attendait le moins. Au cœur même de l'une des zones censées être les plus sécurisées de la capitale parce que servant de lieu de passage des délégations officielles vers la résidence d'Etat du Club- des-Pins. Quelques minutes après cet attentat, les éléments de la gendarmerie et de la police venus en renfort ont bouclé le périmètre dans une tentative d'appréhender les assaillants. Vers minuit, des voitures de gendarmerie étaient positionnées au niveau de toutes les bretelles menant vers Bouchaoui et le Club-des- Pins, soutenues par des patrouilles constantes. D'autres éléments de ce corps sécuritaire, lourdement armés, sillonnaient à pied le long de la forêt de Bouchaoui, à l'intérieur de laquelle se déroulait un intense ratissage. Toutefois, ce dispositif impressionnant a disparu, dans la matinée d'hier, augmentant ainsi la crainte des usagers du tronçon en question. Certains des officiels résidant au Club-des-Pins ont pris, eux, la précaution de sortir de la résidence d'Etat en cortège escorté par la gendarmerie nationale. “Cet événement malheureux va peut-être les réveiller et les pousser à prendre en charge sérieusement la situation sécuritaire. Maintenant qu'ils savent que le terrorisme ne frappe pas uniquement dans les marchés”, lâchera un membre d'une exploitation agricole collective située non loin du lieu du drame. Approché, un responsable de la société BRC ( Broot Root and Condor), en charge du projet de construction d'un laboratoire scientifique, et d'une zone résidentielle au niveau de Bouchaoui, nous a déclaré qu'il n'avait pas le droit de s'adresser à la presse. Le chantier fonctionnait normalement, sans surveillance particulière, puisque nous avons pu y accéder facilement. La main-d'œuvre est essentiellement algérienne et les travaux sont bien avancés. On apprend que c'est un transport venant du siège principal situé dans le lotissement Sahraoui et se dirigeant vers l'hôtel Sheraton où séjournent les employés étrangers de la BRC qui a fait l'objet d'un attentat. Les riverains pensent que l'explosion de la bombe à l'arrivée du bus en question était destinée à ralentir la circulation pour permettre de mitrailler ses occupants. “L'endroit est bien choisi : l'amorce d'une bretelle vers le Club-des-Pins. Les auteurs de cet attentat recherchaient certainement un effet médiatique”. Au siège de la BRC, l'ambiance est très tendue. Des versets du Coran sont diffusés en boucle. La direction de la société s'est refusée de faire le moindre commentaire sur l'événement tragique. L'attaché de presse, qui a daigné descendre à la réception pour nous recevoir de manière peu courtoise, nous a répété que la boîte n'avait rien à déclarer, nous demandant de faire comme si cette brève rencontre n'avait jamais eu lieu. On apprend néanmoins de quelques employés de la société BRC que le ressortissant libanais était dans un état grave. “On est en état de choc. Personne n'était en mesure de travailler ce matin. Les victimes de cet attentat sont quand même des collègues qu'on croise quotidiennement dans les couloirs. On ne s'attendait pas à cette tragédie. Ils résident au Sheraton et le trajet est réputé être le plus sécurisé”. Une autre employée renchérit : “Heureusement que le bus est parti pratiquement vide parce que la majorité des travailleurs n'avait pas encore terminé le travail, sinon le bilan aurait été plus lourd”. Nissa Hammadi