Pour l'ancienne génération, jadis, Aïn El Hammam ne souffrait nullement du manque d'espaces verts ni de ruissellement de fontaines aux mille vertus, dont le nom même de Tala Bwudhi (fontaine du beurre) évoquait le nom de la ville de l'ex-Michelet. Sont-ils encore nombreux à se souvenir de Si Muh U'Mhand, de l'hôtel ”la Transat” (la transatlantique) aujourd'hui disparus pour laisser place à l'actuelle mairie et à d'autres endroits aux jardins ? Encore un coup de balai aux traces archéologiques. Du peu de places où, souvent, les personnes âgées se rencontrent, aujourd'hui deux jardins publics semblent être abandonnés, sans bancs lorsqu'ils ne sont pas tout à fait spoliés ou utilisés comme terrasse pour café du centre ou espace d'étalage pour vendeur de fleurs ou d'ornement plastique pendant la saison des cortèges nuptiaux. “Parler d'espace vert des jardins publics relève de la dérision dans un monde de plus en plus hanté par le béton”, dit Da Mohand Arab, un vieux natif de Michelet. En effet, par abandon, ces personnes âgées créent l'habitude de s'asseoir en assemblée sur les marches d'escaliers et s'exposent ainsi aux multiples désagréments des passants, mais aussi et surtout aux fumées dégagées par les nuées de gaz des pots d'échappement. Ainsi, voient-ils donc leur espace se rétrécir au quotidien à travers ces gradins. La triste déception qui se lit dans leur regard ne peut laisser indifférent. Si seulement on leur rendait leur jardin, leur espace. LIMARA B.