Si Madrid plaide pour, sur le plan économique, une “relation énergétique préférentielle et privilégiée avec l'Algérie”, ce n'est pas du tout le cas sur le plan politique où persistent plusieurs divergences de taille. Le gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero aura-t-il échoué dans sa mission de convaincre Alger du rééquilibrage de son orientation diplomatique vis-à-vis des pays du Maghreb, notamment sur le dossier du Sahara occidental ? Lorsque à l'occasion de son premier déplacement à Alger, en juillet 2004, le président du gouvernement espagnol avait carrément “enterré” le plan Baker, favorable au droit d'autodétermination du peuple sahraoui, il n'avait pas mesuré les conséquences qu'allait avoir son parti pris marocain sur l'avenir des relations avec l'Algérie. Si la droite espagnole incarnée par Aznar avait adopté une diplomatie d'équilibre au Maghreb, privilégiant la légalité internationale dans le règlement du dossier du Sahara occidental, faisant de l'Algérie un “partenaire stratégique”, tout en évitant ainsi de “heurter” la sensibilité des uns et des autres, les socialistes incarnés par Jose Luis Zapatero ont brusquement rompu avec la politique traditionnelle espagnole. Ainsi, et au-delà de la question du Sahara occidental où Madrid a apporté son soutien à la colonisation marocaine, les Espagnols ont également joué le jeu du palais royal chérifien en tentant un véritable forcing diplomatique pour convaincre Alger de participer à la conférence Afrique-EU sur l'immigration clandestine, qui a eu lieu en juillet dernier à Rabat. Alger, qui a refusé d'y prendre part, l'a fait pour au moins deux raisons : d'abord l'Espagne n'est pas directement concernée par le flux migratoire venant d'Afrique. Ensuite, parce que la démarche est en elle-même biaisée dans le sens que l'Algérie avait déjà initié un processus de rencontres, dont la première avait eu lieu à Alger en juin, ayant abouti au sommet Afrique-EU sur la problématique de l'immigration qui a eu lieu à Tripoli en novembre dernier. À partir de là, on peut conclure sans risque de se tromper que le gouvernement espagnol a adopté une diplomatie à deux vitesses. Si Madrid plaide pour, sur le plan économique, une “relation énergétique préférentielle et privilégiée avec l'Algérie”, ce n'est pas du tout le cas sur le plan politique où persistent plusieurs divergences de taille. Zapatero, qui a tenté lors de sa visite éclair à Alger de modérer sa position sur le Sahara occidental, en évoquant la légalité internationale, a certainement du pain sur la planche s'il entend persuader Alger d'aller vers une plus importante coopération dans le secteur de l'énergie. S. T.