La Coordination des lycées techniques a organisé, hier, en collaboration avec l'Union des associations des parents d'élèves de la wilaya d'Alger, une rencontre nationale des lycées techniques. Le regroupement a eu lieu à la maison de jeunes, Hassan-El-Hassani située à Bouzaréah. Les participants déplorent que l'initiative de se réunir pour discuter ensemble de la restructuration de l'enseignement technologique ne soit pas venue du ministère de l'Education nationale qui, selon M. Kamel Bendaïkha, porte-parole de la Coordination des lycées techniques, “préfère ignorer l'importance de l'enseignement technique”. En effet, l'enseignement technique subit, depuis les années 1990, une succession de réformes éducatives dont la mise en œuvre se présente sous la forme de circulaires conjoncturelles, censées répondre, dans l'urgence, aux problèmes que rencontre l'enseignement secondaire. Les enseignants, en tant qu'acteurs principaux, souhaitent participer activement à la prise de décision afin que leur mise en application ne se solde pas, comme souvent, par un échec. À cet effet, la Coordination des lycées techniques a élaboré une étude comparative de l'enseignement technique avant et après la réforme 2004. Les conclusions de cette étude font état de la suppression de la moitié des filières technologiques et de la réduction en charge horaire pour celles restantes, en moyenne, de 50%. Celles-ci ont d'ailleurs été reléguées au rang de filières optionnelles. Cette réduction de filières et de volumes horaires place 8 enseignants de technologie sur 10 en sureffectif, et ce, sans compter les chefs de travaux, les chefs d'atelier, les magasiniers et les techniciens supérieurs en maintenance. La réduction des charges horaires dévalorise le bac technologique qui, par son maigre contenu, ne peut de toute façon pas être reconnu comme tel, mais plutôt comme un diplôme d'initiation. Triste constat lorsqu'on sait que les établissements d'enseignement technologique, contrairement à l'université, disposent, entre autres, des meilleurs équipements, et ce, grâce à des dons de l'Unesco. Des enseignants de différents lycées techniques à travers le pays se sont déplacés à cette occasion pour exprimer leur crainte de voir leurs compétences disparaître. Autrefois réservé à l'élite, ils constatent avec impuissance “la destruction et la dévalorisation de l'enseignement technique au profit de la formation professionnelle et des licences universitaires qui n'offrent ni métier ni savoir-faire”. Ils soulignent également le décalage qui existe entre le discours politique et la réalité. “L'Etat annonce débloquer des budgets colossaux pour la réindustrialisation de l'Algérie et, en parallèle, il réduit les lycées techniques à néant”, première source de techniciens capables de répondre à cette demande en effectif humain. Amina Hadjiat