Il accepte de dialoguer en tant que collectif d'enseignants grévistes Le Cla prend au mot Benbouzid C'est un grand pas que vient de faire le CLA vers le dénouement d'un conflit des lycées qui perdure. À condition que le ministre saisisse la perche qui lui est ainsi tendue. “Nous allons activer et entrer en négociation en tant que collectif d'enseignants grévistes. En adoptant ce compromis, nous évitons le pire et nous espérons l'aboutissement de nos revendications, puisque le ministre de l'Education accepte de dialoguer avec les professeurs protestataires non affiliés à une organisation syndicale”, déclare Redouane Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA). Pour le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, agir dans le cadre du collectif des professeurs protestataires du secondaire vise à contourner l'écueil administratif, en ce sens que les autorités ont toujours refusé de dialoguer avec les conseils autonomes du secondaire (Conseil des lycées d'Alger et Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) sous prétexte qu'ils ne sont pas agréés. Cela permettra également de ne pas laisser à la Fédération nationale des travailleurs de l'enseignement (FNTE), syndicat affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le terrain pour tirer les dividendes du mouvement de protestation à son profit. “Les revendications des enseignants priment sur la lutte syndicale, cette dernière est un combat qui s'inscrit dans la durée”, affirme M. Osmane. Celui-ci, réclamant toujours la légitimité du Conseil des lycées d'Alger (CLA), disqualifie l'UGTA. Par ailleurs, le responsable du Conseil des lycées d'Alger (CLA) se dit ouvert aux négociations avec la tutelle et rappelle les principales revendications des enseignants, à savoir l'augmentation des salaires, située à moins de 30 000 dinars net, la levée des sanctions sur les enseignants pénalisés, le statut particulier du professeur du secondaire et la retraite après 25 ans de service. “Nous allons négocier dans le cadre de la plate-forme de revendications et nous ne braderons pas nos doléances”, déclare M. Osmane. Rappelons que le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) pense aussi à activer en tant que collectif d'enseignants grévistes car, c'est le seul moyen pour éviter le pourrissement et trouver un épilogue au problème de l'éducation. “Il est déplorable d'en arriver à ce stade du conflit, nous continuons notre protestation en tant que collectif d'enseignants grévistes. Par ailleurs, nous allons ester le ministère du Travail et de la Sécurité sociale en justice pour abus de pouvoir”, s'exprime M. Méziane Mériane. Nabila Afroun Les parents d'élèves fustigent le ministre de l'éducation “La responsabilité de Benbouzid est entière” “Benbouzid est appelé à répondre devant l'Assemblée nationale et la société sur les problèmes qui rongent, depuis des mois, le secteur de l'éducation. Il doit s'expliquer sur le conflit qui couve dans les lycées et y dégager des solutions concrètes.” C'est en ces termes que le président de l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger M. Ameur Yahia, a entamé son virulent réquisitoire contre le ministre de l'Education nationale, à l'occasion de la conférence des associations de parents d'élèves de la wilaya d'Alger, organisée, hier, à la Maison du peuple. En effet, Le président de l'Upewa n'est pas allé de main morte lorsqu'il aborde la responsabilité de la tutelle dans le débrayage des enseignants du secondaire qui dure depuis deux mois. Pour lui, la responsabilité de Benbouzid est entière et complète dans ce conflit. “Le règlement du conflit devra intervenir immédiatement, puisqu'un jour de grève de plus ne fait qu'aggraver la situation, et le spectre de l'année blanche planera de nouveau sur les établissements du secondaire”, a-t-il averti, avant de rappeler qu'il a applaudi le retour de Benbouzid à l'Education, mais aujourd'hui la situation s'est davantage détériorée. Plus loin, M. Ameur Yahia a expliqué que le bureau de l'union se propose une médiation entre les deux protagonistes et ce, dans l'intérêt des enfants. L'Upewa n'exclue pas de recourir à de grandes actions de protestation pour faire aboutir la cause de leurs enfants. Pour le moment, l'union n'a pas encore tranché, mais les parents d'élèves n'écartent pas l'éventualité d'organiser des sit-in et des marches dans les artères d'Alger. “Nous refusons que nos enfants soient sacrifiés”. Pour revenir à la décision de Tayeb Louh d'interdire le Cnapest, le conférencier a tenu à déplorer la mesure d'interdiction et interpelle le premier magistrat du pays à intervenir directement dans ce conflit. R. N. COORDINATION DES COLLÈGES D'ORAN Une volée de bois vert pour la FNTE Les évènements se sont accélérés, ces dernières 48 heures, dans le conflit qui paralyse les lycées depuis 5 semaines. L'annonce du refus d'agrément au Cnapest et l'entrée en scène “grossière” de la FNTE pour le 16 n'ont pas été sans impact sur les enseignants grévistes d'Oran. En effet, contrairement à ce qu'on pouvait imaginer, les enseignants sont plus que jamais déterminés à poursuivre leur grève, envisageant même de se concerter pour organiser d'autres actions. Mais pour l'heure, leur réaction est sans équivoque pour ce qui est de l'agrément qui ne sera par délivré par Tayeb Louh qui, en son temps, était à la tête du Syndicat autonome des magistrats. “Nous assistons à l'ère d'une République bananière ! Mais ce n'est pas la République que nous voulons…”, nous déclare un PES membre du Cnapest à Oran. Et de poursuivre : “Les pouvoirs publics s'acharnent à violer la loi, d'abord en refusant depuis le mois d'avril de donner suite à notre dossier d'agrément, alors que la loi est claire : légalement, nous n'avons pas besoin de cet agrément pour exister et agir ; ensuite, en recrutant des vacataires pour remplacer des enseignants en grève, ce qui est, encore une fois, une violation de la loi…” D'autres membres du Cnapest abondent dans le même sens, en affirmant que la paralysie des lycées est “une reconnaissance de facto du syndicat…”, ajoutant plus loin : “Après 5 semaines de grève, les manigances des pouvoirs publics avec la complicité de la FNTE prouvent qu'ils se moquent totalement des lycéens…” Ces “manigances” ont encore poussé d'autres enseignants à réagir avec virulence mais, cette fois-ci, il s'agit d'enseignants issus du moyen. En effet, la toute nouvelle Coordination des collèges d'Oran, qui, sur le modèle du Cnapest et du CLA, est en voie de construction à Oran et qui compte près d'une cinquantaine de collèges, vient de rendre public un communiqué très virulent à l'égard de l'UGTA et de la FNTE. Ainsi, en se déclarant solidaire de ses collègues du secondaire, la Coordination lance un appel pour boycotter la grève décidée par la FNTE. Cette dernière est violemment critiquée. La Coordination des collèges est la première conséquence de l'hémorragie dans les rangs de l'UGTA, accusée d'avoir fomenté avec le ministre un complot pour négocier sur le dos des enseignants. “Mais, ce ne sera que de la poudre aux yeux !”, lit-on dans le communiqué. Les membres de cette Coordination ne voient dans cette démarche qu'une lamentable tentative de maintenir “l'hégémonie de l'UGTA sur le secteur de l'éducation et surtout sur les œuvres sociales de ce secteur…” Le communiqué poursuit en s'interrogeant sur le retour de la FNTE à une plate-forme de revendications qui remonte à 2002, l'année où l'UGTA avait “fait” trois jours de grève dans l'éducation. Les signataires du communiqué, en fait, analysent la situation en expliquant qu'à l'époque, “il s'agissait pour l'UGTA de négocier son quota sur les listes électorales”, sans plus. C'est une façon on ne peut plus directe de laisser entendre clairement que cette dernière montée au créneau de la FNTE, une fois de plus, ne servira pas à défendre les droits des enseignants. F. BOUMEDIENE Béjaïa Le Cnapest accuse Sidi Saïd Lors de la réunion du conseil de wilaya du Cnapest, hier, au lycée d'El-Houria, les secrétaires généraux des sections syndicales des lycées ont décidé unanimement de poursuivre leur mouvement de grève. Le refus du ministère du Travail d'agréer leur syndicat est qualifié par le Cnapest de Béjaïa d'abus de pouvoir et de remise en cause des acquis d'octobre 1988, dont le pluralisme syndical. Il accuse aussi le patron de l'UGTA, Sidi Saïd, d'être de connivence avec M. Tayeb Louh dans le refus d'agrément. “Même si le gouvernement satisfait nos revendications, nous ne cesserons pas notre protestation jusqu'à l'obtention de l'agrément”, ont soutenu certains syndicalistes. Ainsi, le conseil de wilaya a voté, comme action de rue, des rassemblements synchronisés au niveau des wilayas. L. OUBIRA Les lycées paralysés à Sidi Bel Abbès Les professeurs du secondaire se sont, enfin, décidés à suivre le mouvement de grève auquel a appelé le Cnapest après avoir tergiversé plus de deux semaines. En effet, sur les 13 lycées que compte la wilaya, 9 ont été complètement paralysés hier matin. Aux lycées El-Haous, Enal comme à Darabid (les établissements les plus en vue), les élèves ont fait le pied de grue des heures durant avant de rentrer chez eux. Les professeurs rencontrés sont déterminés à poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à l'aboutissement de leur plate-forme de revendications. À la question de savoir pourquoi les enseignants ont repris les cours après le débrayage observé les premiers jours de la grève, les professeurs se déclarent plus que jamais conscients du combat que mènent leurs collègues à travers le pays. HAKIM B.