RESUME : Après s'être entendu sur les questions du mariage et avoir offert une bague de fiançailles à Daya, Kamel décide de partir. Mohand a beau l'inviter à passer la nuit, il refuse. La nuit tombée, il rentre chez ses parents et leur apprend qu'il s'est fiancé. - Si vous ne vous taisez pas, je retourne d'où je viens ! menace Kamel. Ses parents en plus d'être curieux, sont fâchés qu'il ne leur en ai pas parlé plus tôt. - Est elle au moins de bonne famille ? l'interroge son père. Etudie-t-elle avec toi ? Elle est algéroise ou d...- - Si tu me laissais parler, tu n'aurais pas besoin de poser des questions, réplique le jeune homme. Elle a fini d'étudier et elle travaille. Quant à être de bonne famille, je pense qu'elle l'est… - Comment as-tu pu prendre l'initiative de te fiancer sans nous consulter ? Sans te demander si on accepterait ? reprend Ouali. Tu ne t'es pas posé la question, de savoir si on ne projetait pas de te marier avec une cousine ou une fille de la région ? - Non, c'est moi qui me marie, lui rappelle Kamel. Je refuse que quelqu'un décide à ma place. C'est d'ailleurs, pour ne pas subir de pression que je n'en ai parler à personne. - Ses parents n'ont pas demandé après nous ? - Si, vous ferez leur connaissance en temps opportun, réplique Kamel. Vous savez d'elle l'essentiel. Elle a mon âge, elle est jolie et n'a aucun handicap. Ses parents sont d'honnêtes gens et, à moins d'être difficiles, vous-mêmes ne pourriez mieux trouver comme belle-famille ! - Présente-les nous, alors ! s'écrie son père. S'ils sont aussi bien, pourquoi gardes-tu secrète leur identité ? Tu ne nous a même pas dit d'où ils sont ! - Ils sont algériens, tout comme toi et des gens originaires de la campagne. Vous devriez vous entendre avec eux, insiste Kamel. Sauf si vous avez la rancune -Qu'est-ce que tu veux dire par là ? l'interroge Ouali. Je veux savoir ce que tu insinues ! - Rien, dit le jeune homme regrettant d'en avoir trop dit. Bon, moi, je vais aller me coucher, je suis mort de fatigue ! S'il y a une place pour moi ici ! - Mais bien sûr et il y aura toujours de la place pour toi, le rassure sa mère Kheïra qui craint que les choses ne s'enveniment entre lui et son père. Viens ! - Non, reste pour entendre ce que je vais dire ! Si tu te maries avec une fille que je n'aurais pas choisie, mets-toi dans la tête que les portes de la maison te seront à jamais fermées ! Kheïra pose la main sur le bras de son fils, une prière silencieuse pour qu'il ne réponde pas à son père. Kamel a vite compris que s'il disait quoi que ce soit maintenant, il passerait la nuit dehors - Bonne nuit ! dit-il à son père. - Comment pourrait-elle l'être ? réplique ce dernier. Grâce à toi, je vis un cauchemar éveillé ! Kheïra voudrait intervenir et lui dire qu'il dramatisait pour rien, mais son opinion compte peu. Elle précède son fils dans la chambre qu'il a l'habitude de partager avec ses jeunes frères. Ces derniers sont à l'internat. Faute de moyens, ils ne viennent qu'une fois par mois. Tout en préparant un coin où il dormira, elle ne peut s'empêcher de reprocher à son fils de les avoir laissés dans l'ignorance. - La colère de ton père est justifiée, lui dit-elle. Son fils aîné s'est engagé ! Tu sais que dans la famille, cela ne se fait pas ! Le mariage est une affaire grave et familiale ! Je ne comprends pas pourquoi et comment les parents de cette fille ont accepté de te recevoir --Je...je ne peux pas t'expliquer, répond Kamel. Mais ne t'en fais pas, c'est une fille bien et je tiens à elle ! - Tu sembles oublier la menace de ton père ! lui rappelle sa mère. Je ne veux pas de guerre froide entre vous ! Je t'en prie… - Ne t'en fais pas, tout se passera bien ! Vous serez mis au courant quand je considérerai que c'est le bon moment ! - Pourquoi tant de mystères ? l'interroge-t-elle. - Reste-en dehors de tout cela, la prie-t-il doucement. - As-tu mangé au moins ? - Non mais je ne pourrai rien avaler, répond il. Laisse moi dormir…Demain, on discutera. Bonne nuit ! En fait, Kamel n'a aucune envie de dormir. Lui et Daya se sont mis dans de beaux draps en mentant à leurs parents. La réaction de son père ne l'a pas surpris. S'il avait su qu'il allait faire alliance avec l'ennemi de toujours, il l'aurait mis à la porte. Il ne leur laisse pas le choix. Pour s'unir à la vie à la mort, ils devaient mentir. Kamel sait que le jour où tous découvriront qu'ils leur ont menti leurs familles allaient piquer des crises. Mais ils ne pourront pas les séparer. Le matin, le jour est à peine levé qu'il est prêt à partir. Ses parents dorment encore lorsqu'il tire la porte derrière lui. Le village dort encore. Kamel a choisi le bon moment pour partir. Il ne risque pas de croiser son futur beau-père. Il part en ville dans le premier taxi, refusant de s'attarder une minute de plus. Il ne veut pas risquer d'être découvert. La situation est déjà compliquée. Pas besoin d'en rajouter… A. K. (À suivre)