Dans une lettre datée de mardi et rendue publique hier par son collectif de défense, le président irakien déchu affirme qu'il montera sur l'échafaud “comme un martyr” et a appelé le peuple irakien à rester uni “face à ses ennemis”. S'adressant au peuple irakien, Saddam Hussein écrit dans une lettre authentifiée par ses avocats : “Je me sacrifie. Si Dieu le veut, il ordonnera de me placer auprès des martyrs et des vrais hommes.” Faisant allusion à l'armée américaine et à l'Iran, il ajoute : “Les ennemis de votre pays, les envahisseurs et les Perses ont trouvé une barrière dans l'unité entre vous et ceux qui vous dirigent. C'est pourquoi ils tentent de semer la haine entre vous.” Cette réaction de l'ex-chef de l'Etat irakien se justifierait par une résignation à son sort parce qu'il ne reste aucune voie de recours. En effet, même si le ministre irakien de la Justice a annoncé, hier, que l'exécution du président irakien déchu pourrait prendre encore “quelque temps”, il n'en demeure pas moins qu'aucune disposition de la loi irakienne ne prévoit de mesure de grâce qui pourrait lui éviter la corde de la potence. Désormais, les jours de Saddam Hussein sont comptés. Le compte à rebours des trente jours prévue par la loi à été entamé hier et son exécution peut avoir lieu n'importe quel jour et à tout moment, à moins d'un miracle. Ce miracle pourrait avoir pour nom George W. Bush, seul en mesure de surseoir à la pendaison de l'ancien maître de Bagdad, par des moyens détournés. En effet, le président américain demeure la seule personne à même de faire pression sur les autorités irakiennes pour annuler ou commuer la sentence prononcée contre l'homme qui a dirigé l'Irak sans partage pendant vingt-quatre ans, de 1979 à sa chute en 2003. Cette possibilité est évoquée, parce que le maintien en vie de Saddam Hussein peut éviter, ne serait-ce temporairement, un embrasement de l'Irak, que pourraient provoquer ses partisans et les autres factions armées une fois qu'il sera pendu. Ceci étant, hormis cette éventualité, Saddam Hussein n'a aucune autre possibilité de rester en vie et se balancera au bout d'une corde au cours des vingt-neuf prochains jours, après le rejet de sa requête d'être passé par les armes en sa qualité de militaire. C'est ce qui ressort des explications fournies par le magistrat de la cours d'appel, qui a annoncé la ratification du verdict de la haute cours pénale irakienne condamnant l'ancien dictateur à la peine capitale. Selon la loi irakienne, aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user du droit de grâce ni commuer les peines prononcées, bien qu'en théorie, les condamnations doivent encore être paraphées par le président Jalal Talabani qui, se disant hostile à la peine capitale, a déjà laissé son vice-président signer de nombreuses sentences d'exécution ces derniers mois. Par ailleurs, la tenue d'un autre procès, celui pour lequel il est actuellement jugé avec six anciens dirigeants pour avoir ordonné et mis en œuvre les campagnes militaires Anfal, en 1987-88 dans le Kurdistan, qui ont coûté la vie à 180 000 Kurdes, n'a pas de caractère suspensif. De nombreux appels à la clémence ont été lancés par des personnalités politiques ou des organisations de défense des droits de l'homme, comme Human Rights Watch, qui a appelé mardi le gouvernement irakien à ne pas exécuter Saddam Hussein, estimant que le procès de l'ancien président irakien pour crimes contre l'humanité était entaché d'irrégularités. K. ABDELKAMEL