Réagissant officiellement à la nuée de condamnations quant à la manière avec laquelle les autorités irakiennes ont pendu Saddam Hussein, Nouri al Maliki annonce qu'il pourrait revoir les relations “avec tous les Etats qui n'ont pas respecté la volonté du peuple irakien”. Devant l'ampleur que prennent les critiques et les condamnations de l'ignoble pendaison de l'ancien chef de l'Etat irakien, les nouvelles autorités de Bagdad n'ont rien trouvé de mieux à faire que de menacer de rompre leurs relations diplomatiques avec tous les pays qui ont dénoncé cette exécution. Intervenant à l'occasion de la cérémonie officielle organisée pour le 86e anniversaire de la fondation de l'armée irakienne, Nouri al Maliki a affirmé que son gouvernement “pourrait être obligé de revoir ses relations avec tous les Etats qui n'ont pas respecté la volonté du peuple irakien”. S'adressant aux dirigeants des Etats ayant déploré l'exécution le premier jour de l'Aïd, le Premier ministre irakien dira : “Nous rejetons et condamnons les réactions, officielles ou à travers des médias, de certains gouvernements.” Continuant sur sa lancée, il criera son indignation face à ces réactions hostiles : “Nous sommes stupéfaits de ces réactions de certains gouvernements qui pleurent sur le sort du despote sous prétexte qu'il a été exécuté un jour saint, alors qu'il a toujours violé les fêtes saintes.” Ne s'arrêtant pas là, Al Maliki accusera : “Nous estimons qu'il s'agit là d'une insidieuse sédition, d'une flagrante interférence dans les affaires internes de l'Irak et d'un affront aux familles des victimes.” Réaffirmant qu'il considérait “l'exécution du dictateur Saddam Hussein comme une affaire interne qui ne concerne que les Irakiens”, il tentera de justifier que “l'exécution du despote n'était pas une décision politique, comme l'affirment les ennemis du peuple irakien. Cette décision a été appliquée après un juste procès, que le dictateur ne méritait pas”. Afin de donner du crédit à la décision de son gouvernement de prendre Saddam Hussein à l'occasion d'une fête religieuse synonyme de clémence et de pardon, que nombre de personnalités musulmanes ou d'une autre confession ont sévèrement critiqué, Nouri al Maliki déclarera : “Nous avons régulièrement déclaré que Saddam Hussein ne représentait aucune composante du peuple irakien. Les crimes qu'il a commis contre le peuple, le pays et ses institutions sont indéfendables.” Au vu d'une telle assertion, il y a lieu de se demander s'il ne s'agit pas d'une volonté de déposséder, à titre posthume, Saddam Hussein de sa nationalité. Faisant abstraction des nombreuses critiques et condamnations, qui pleuvaient sur le régime de Saddam, il s'attaquera à l'ensemble des organisations non gouvernementales : “Je voudrais également dire quelque chose à propos de toutes ces organisations internationales et de défense des droits de l'homme, je me demande où elles étaient quand ont été commis les crimes d'Anfal, d'Halabja, avec des armes chimiques, avec des exécutions de masse, des fosses communes. Ces crimes ont coûté la vie à des milliers d'Irakiens et de citoyens des pays voisins.” Il s'interrogera : “Pourquoi n'avons nous pas entendu alors toutes ces organisations ?” Enfin, le chef du gouvernement irakien affichera sa détermination à aller jusqu'au bout de son entreprise en affirmant : “Nous continuerons à appliquer la justice contre ceux qui ont abusé du peuple irakien et qui ont le sang d'innocents sur les mains.” Reste à savoir s'il mettra à exécution sa menace de rompre avec tous les pays qui ont déploré la manière avec laquelle le président irakien déchu a été pendu, parce qu'au vu du nombre d'Etats n'ayant pas apprécié cet acte, l'Irak se retrouvera totalement isolé sur la scène internationale. K. ABDELKAMEL