Après le défilé et le gala d'ouverture, le président de la République a prononcé, hier au Palais des nations, le discours inaugural de la manifestation “Alger, capitale de la culture arabe”. Discours qu'il a axé sur la nécessité de l'ouverture de la culture algérienne aux apports intellectuels du monde et sur le souci d'éviter à cette même culture nationale d'être “une proie facile pour les cultures dominantes”. Si le chef de l'Etat a vu dans la simultanéité de la célébration de la culture arabe avec le début de Yennayer, de la nouvelle année 2007 et celle de l'Hégire 1428 un signe “de l'unité de l'humanité”, il a néanmoins rappelé que le monde arabe se trouve “loin derrière le peloton de tête mondial (…) Il ne saurait être question de développement sans culture”, a souligné le chef de l'Etat. Pour ce renouveau culturel, Abdelaziz Bouteflika en a appelé à l'élite du pays, qui peut souffrir d'une non-reconnaissance par leur société. Cette crème de la société est constituée par les “artistes et les intellectuels dont la mission ne devrait pas se limiter aux occasions même si celles-ci durent des semaines ou des mois, mais elle doit au contraire se manifester en tout temps et en tout lieu”, a t-il déclaré afin d'affirmer que la production de l'esprit ne peut être limitée aux occasions ponctuelles, comme celle que s'apprête à vivre, une année durant, notre pays. Il en veut pour preuve le combat mené par les intellectuels du monde entier, lors de la Révolution libératrice, “malgré les difficultés qu'ils ont rencontrées et les menaces dont ils ont été l'objet, en France en particulier, mais qui ont continué leur combat à notre côté, choisissant ainsi de se mettre du côté du droit, de la justice et de la liberté. Ils méritent tous une place particulière dans la conscience de l'humanité”. Par ailleurs, abordant l'état actuel de la culture, le chef de l'Etat le qualifie de “recul” en raison de la démographie galopante, de la disparition de l'Etat-providence qui a appauvri des segments entiers de la population qui s'est ainsi retrouvée privée de repères, effacé la culture officielle. “La conjugaison de ces facteurs a eu pour conséquence, a estimé Abdelaziz Bouteflika, un vide culturel qui sera comblé par une vision réductrice et vindicative de la religion qui n'a pas tardé à être exploitée dans le cadre de stratégies violentes visant à l'accaparement du pouvoir et qui allèrent en Algérie jusqu'à leur plus extrême manifestation durant la décennie noire. Les intellectuels animant la vie culturelle du pays furent une cible privilégiée de ce terrorisme sans foi ni loi”. À cette occasion, le président de la République a rappelé, encore une fois, les tentatives de négation de la personne algérienne pendant les 130 années de colonisation mais auxquelles s'étaient opposés d'illustres penseurs, de l'Emir Abdelkader à Kateb Yacine, Mohamed Dib, Frantz Fanon… à ces derniers succéderont, à l'Indépendance, des noms comme ceux d'Abdelhamid Benhadouga, Tahar Ouattar, Ahlam Mostghanemi, Assia Djebbar… qu'il a cités à titre d'exemple. Enfin, le président de la République a préconisé d'orienter la réflexion sur les liens culturels qui unissent les peuples du monde arabe autour de trois axes qui sont l'identité et les cultures arabes, les cultures arabes et la mondialisation et enfin les cultures arabes et la liberté. Avant le président de la République, se sont succédé à la tribune du Palais des nations Khalida Toumi, la ministre de la Culture, El-Mounji Bousnina, secrétaire général de l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alesco) et Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe. Le budget alloué à cette manifestation culturelle a été de cinq milliards de dinars. SAMIR BENMALEK