Un drame s'est déroulé hier matin à la cité des 196-Logements à Tixeraïne (Alger) quand un père de famille âgé de 33 ans a été mortellement heurté par un camion de ramassage d'ordures. Une fillette, écolière du cycle primaire, a quant à elle été grièvement blessée alors qu'elle se rendait à son école. À l'origine de cette tragédie, un dépotoir sauvage situé au sommet d'une pente raide. Venu effectuer la collecte des détritus ménagers, le conducteur du camion a perdu le contrôle et a percuté de plein fouet Aïssou Djamel qui décédera à l'hôpital de Béni Messous. Evacuée à l'établissement sanitaire, la jeune Guiz Manel se trouvait hier en début d'après-midi dans un état inquiétant à croire les habitants de cette cité dont les plus jeunes ont bloqué la route, menant à Draria, à l'aide de grilles et de pneus brûlés. Cette violente réaction, selon plusieurs témoignages recueillis sur les lieux, serait due aux propos tenus par le P/APC de Birkhadem. “Après cet accident mortel, des personnes sont allées voir le maire pour soulever, encore une fois, les problèmes que pose ce dépotoir. Sa réponse a été : Vous êtes des ordures et vous resterez des ordures”. Le témoignage est du président de l'association de quartier appelée En'nakhil, ainsi que de son secrétaire général. Ce sont ces paroles qui auraient provoqué la colère des jeunes gens qui ont dressé des barrières de fortune et allumé le feu. Les éléments de la police anti-émeutes, qui ont été dépêchés sur les lieux, ont été accueillis par des jets de pierres. Au même moment, l'élu de Birkhadem s'était réfugié à l'intérieur d'une école. Cet accrochage prendra fin suite à l'intervention du wali délégué de Bir-Mourad-Raïs précédée par l'appel au calme des plus avisés des habitants de cette cité que l'humour local a baptisée “J' m'en fous”. Cette dénomination est une belle illustration de l'état dans lequel se trouve ce quartier de la capitale : immense dépotoir à ciel ouvert, absence d'éclairage public et de gaz naturel. Munis des différents courriers adressés au maire, le président de l'association du quartier affirme : “Il y a deux ans, un accident similaire a provoqué la mort de trois personnes. Nous avons à maintes reprises demandé audience au maire et nous lui avons adressé plusieurs lettres afin de régler les problèmes de notre cité. Rien n'y fit. Faut-il qu'il y ait des morts pour qu'enfin des décisions soient prises ?” Et pour illustrer le peu d'importance qu'accorde ce maire à la situation de la cité des 196-Logements, le président de l'association du quartier dira que lors d'une émission diffusée sur les ondes de radio El-Bahdja, cet élu ne mentionnera jamais le véritable nom de la cité. “Il n'a désigné notre cité que par Cité J' m'en fous…” En attendant que cette cité se débarrasse de son sobriquet et du dépotoir, la wali délégué a promis des solutions. S. Benmalek