Un premier feu vert pour le développement en partenariat d'un gisement de gaz important au sud-est de l'Algérie, nécessitant un investissement entre 3 à 4 milliards de dollars, annonce l'implication d'autres compagnies russes dans le domaine minier national. Le ministre de l'Energie tente de rassurer de nouveau l'Europe. Il a écarté, hier à l'issue de ses entretiens avec le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, M. Victor Khristenko, en visite à Alger, l'idée de création d'une Opep du gaz en raison de la rigidité et de la spécificité de ce marché. “Il est très difficile de parler d'une Opep du gaz car le marché gazier est régional (asiatique, européen et américain). Si le marché du pétrole est liquide et répond à l'offre et à la demande, celui du gaz est régional ; il repose sur des gazoducs et des unités de gaz naturel liquéfié.” Le ministre de l'Energie n'exclut pas la possibilité de création d'un marché liquide dans 20 à 30 ans. “Il est fort possible que le marché du gaz sera un marché très liquide dans 20 à 30 ans, et à ce moment -là le marché du gaz va ressembler au marché pétrolier actuellement.” Chakib Khelil a insisté sur l'importance du forum des pays producteurs du gaz qui se réunira en avril prochain au Qatar et auquel participeront l'Algérie et la Russie. “Nous avons déjà un forum qui se réunit périodiquement et dont l'objectif est de coordonner les efforts de tous les pays membres, producteurs et exportateurs de gaz, pour assurer la stabilité du marché mondial et surtout la sécurité de son approvisionnement.” De quoi dissiper les inquiétudes européennes. Alger tente de jouer son rôle de leader sur le marché gazier en tenant compte des préoccupations des pays consommateurs. Sa coopération avec la Russie renforce sa position. Le développement du partenariat dans le domaine énergétique entre l'Algérie et la Russie a été justement au centre des entretiens, hier à Alger, entre le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, et le ministre de l'Industrie et de l'Energie russe, M. Victor Khristenko. Ces entretiens de plus de deux heures élargis aux représentants des deux délégations ont porté sur l'examen des importantes opportunités et potentialités de coopération existant entre les deux pays dans le domaine énergétique. “Cette première visite du ministre russe intervient dans le cadre du développement des opportunités de coopération existantes, notamment dans l'exploration à travers le développement d'un gisement gazier (découvert par les sociétés russes Rosneft-Stroytransgas), et aussi l'échange des expériences et le renforcement du partenariat entre Sonatrach et Gazprom dans différents domaines, y compris la commercialisation du GNL”, a indiqué M. Khelil à la presse à l'issue de ces entretiens. Pour le développement du gisement gazier découvert en janvier 2006 par l'association Sonatrach et les russes Rosneft-Sroytransgas dans le bloc 245 Sud (périmètre Gara Tisselit), situé dans le bassin d'Illizi, dans l'Extrême Sud algérien, le ministre a précisé que l'autorisation pour le développement de cet important gisement devrait intervenir “le plus tôt possible”. L'autorisation du développement sera donnée “le plus tôt possible”, a dit le ministre en relevant que les travaux “sont très avancés d'après les experts”. “Nous pensons que ces gisements devront être développés le plus tôt possible car c'est dans l'intérêt de l'Algérie et de Sonatrach et aussi dans l'intérêt des entreprises russes”, a ajouté le ministre, en estimant que ce projet nécessitait un investissement allant de 3 à 4 milliards de dollars. Le montant investi par les deux sociétés russes dans l'exploration a été de 66 millions de dollars. M. Khelil a souligné également que les deux parties vont définir, à l'issue de cette visite, “un cadre de dialogue et de coopération” au niveau des ministres avec la signature d'un mémorandum d'entente et aussi un cadre de suivi de cette coopération qui cible des projets concrets dans les domaines de l'exploration, de la production, de transport et de la commercialisation du GNl, tout en souhaitant développer ces projets dans un cadre d'intérêt mutuel “à travers leur production de gaz et de pétrole à l'approvisionnement du monde et à la sécurité de cet approvisionnement”, tout en insistant sur l'importance de “la stabilité du marché et ce, dans l'intérêt des pays producteurs et des consommateurs”. Pour sa part, le ministre russe a souligné que cette rencontre a eu lieu après la visite du ministre algérien à Moscou en août dernier, et qui a abouti à la signature de deux mémorandums d'entente entre Sonatrach et Gazprom et Sonatrach et Loukoil, “devra nous permettre de développer la coopération dans des projets concrets touchant toute la chaîne énergétique”. “Notre objectif principal est de développer la coopération bilatérale dans tous les domaines énergétiques allant de l'exploration, exploitation jusqu'au transport et la commercialisation”, a dit M. Khristenko. Pour le ministre russe, cette rencontre “pourrait contribuer non seulement au développement des relations bilatérales dans le domaine énergétique, mais contribuer aussi considérablement à la stabilité du marché international de l'énergie et le renforcement de la sécurité énergétique mondiale”. Le ministre russe, qui effectue une visite de quatre jours en Algérie à la tête d'une importante délégation composée, notamment de responsables des sociétés russes Gazprom, Loukoil et Rosneft, visitera au cours de son séjour les installations gazières de Hassi-R'mel et d'Arzew. “Le mot d'ordre des deux parties est donc la stabilité du marché gazier et la sécurité de l'approvisionnement des pays consommateurs. Cette visite annonce, nous semble-t-il, l'implication d'autres compagnies russes dans le domaine minier national. Lukoil veut faire de l'Algérie l'un de ses marchés prioritaires. Gazprom compte sur la participation de Sonatrach à ses projets de réalisation d'unités de GNL, notamment le projet baltique. Elle veut un échange d'actifs dont le fruit est une pénétration plus conséquente des gaz algérien et russe sur les marchés internationaux. Cependant, il ne s'agit encore que d'accords préliminaires. Il faut attendre pour cerner les contours de ce partenariat stratégique entre Sonatrach et les grandes compagnies russes. Le challenge consiste à la fois à dissiper les inquiétudes de l'Europe et à conquérir de concert des parts dans le marché du GNL appelé au cours des prochaines à croître de façon significative en raison de sa flexibilité, par rapport au gaz transporté par gazoducs. N. R./APS