Le ministre français des Affaires étrangères a nnoncé la tenue, le mois prochain, d'“un rand dîner” au Quai d'Orsay consacré à la oopération avec le Maghreb et en présence u gratin des deux rives. “J'ai un plan pour multiplier les relations avec le Maghreb”. C'est dans une banlieue de Paris fortement peuplée de Maghrébins que le ministre français des Affaires étrangères a exposé ses idées pour les pays de la rive sud de la Méditerranée. Démarche inédite d'un chef de la diplomatie. M. Philippe Douste-Blazy est allé jeudi soir affronter les questions des jeunes de Villeneuve-la-Garenne, une ville de 26 000 habitants de la banlieue nord de Paris à la population “très mélangée”, selon le mot du maire Alain-Bernard Boulanger. Il a été invité par une association alors que la campagne électorale pour l'élection présidentielle d'avril-mai est déjà engagée. Le ministre était accompagné d'un de ses plus proches collaborateurs, Aïssa Touazi, d'origine algérienne, qu'il a présenté sous les applaudissements d'une assistance de quelque 200 personnes. Le thème du Maghreb s'est imposé naturellement dans le débat qui a duré plus de deux heures à la surprise du ministre confronté, a-t-il admis à la fin de l'échange, à un “niveau particulièrement élevé” et à des questions “basées sur une très bonne connaissance des questions”, liées au Proche-Orient, au nucléaire iranien, à l'Europe, à la mondialisation, à la réforme de l'ONU... À un jeune entrepreneur s'inquiétant de l'effacement de la France au Maghreb, le ministre répond que cette zone est “une force géostratégique” avec ses 80 millions d'habitants rien que pour l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. “Il faut faire beaucoup avec le Maghreb”, a-t-il tranché en révélant avoir un plan pour cela. M. Douste-Blazy ne craint pas du tout la concurrence des Américains et des Chinois. Et pour cause. “La force que nous avons, c'est qui sont ici et qui sont d'origine maghrébine. C'est un atout que n'ont pas les Chinois, les Américains, les Italiens et les Espagnols. Vous êtes le trait d'union”, a argumenté le ministre qui risque de quitter ses fonctions après l'élection présidentielle. Une hypothèse absolue en cas de victoire de la gauche et très probable si c'est la droite qui gagne. Mais alors que deviendra son plan quand il aura quitté le Quai d'Orsay ? “Il est très avancé”, répondra à Liberté un de ses collaborateurs en révélant que le ministère abritera en février “un grand dîner” consacré à la coopération avec le Maghreb et en présence du gratin des deux rives. Le Quai d'Orsay a déjà organisé en décembre un séminaire consacré à l'investissement en Algérie. Une opération inédite que M. Douste-Balzy semble vouloir rééditer à une plus grande échelle. Son éventuel successeur ne s'aviserait pas à remettre en cause ses idées, assure le même collaborateur. Parce qu'il est suffisamment avancé, d'une part. Et parce que le Maghreb est dans une position impossible à remettre en cause, d'autre part. Autre sujet qui concerne les deux rives, l'immigration. M. Douste-Blazy a décidé de donner plus de couleurs à son ministère en ouvrant la citadelle du Quai d'Orsay à la diversité. Il a décidé de recruter des jeunes d'origine maghrébine dans le réseau diplomatique, le plus dense au monde après celui des Etats-Unis, dans les centres culturels français à l'étranger, et dans les archives diplomatiques dont le nouveau est en voie d'être installé à La Courneuve, en banlieue de Paris. M. Douste-Blazy semble aussi déterminé à nommer un ambassadeur d'origine immigrée avant la fin du mandat de Jacques Chirac qui aurait déjà donné son accord. Aux jeunes immigrés tentés par la carrière diplomatique, un dispositif sera mis en place pour leur éviter la difficile épreuve du concours avant la mise en place d'un cycle préparatoire pour ce concours. Autre piste, les stages de l'ambassade. On songe à affecter une proportion de 20 à 25% aux jeunes des quartiers difficiles. Avec une rémunération en prime. Vitrine de la France à l'étranger, le Quai d'Orsay veut apparaître à l'avenir comme celui de “la diversité et de l'égalité des chances” Y. K.