Hier, en fin de matinée, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a présenté, au palais du Quai d'Orsay, son programme pour « un partenariat renforcé » avec le Maghreb, devant un parterre d'intellectuels, du corps diplomatique des trois pays, mais aussi de personnalités françaises actrices de la coopération entre la France et le Maghreb. L'exercice ressemblait plus à une opération de séduction d'un homme politique en campagne pour un candidat à l'élection présidentielle qu'à celle d'un ministre d'un gouvernement en fin d'exercice. Douste-Blazy soutient Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. Douste-Blazy a déclaré qu'il a souhaité « faire de notre relation avec le Maghreb l'une des priorités de notre politique de voisinage et mis en place un groupe de travail chargé de faire des propositions concrètes en faveur d'un partenariat renforcé avec le Maghreb ». Il a ensuite indiqué que « face aux effets de la mondialisation, face aux déséquilibres profonds de la planète en matière de santé, d'éducation ou d'environnement, face aux risques de divorce entre les cultures, la relation entre la France et le Maghreb veut se fonder sur un nouveau pacte de confiance et sur une communauté de valeurs politiques ». Ce défi, selon le ministre, appelle trois types de réponses, trois séries de démarches complémentaires : « Des réponses nationales et bilatérales, des réponses à l'échelle de tout le Maghreb, enfin la création et le renforcement des pôles d'excellence, dont l'attractivité et le rayonnement s'étendent au-delà de ses frontières. » Douste-Blazy a ensuite développé les « quatre grandes priorités » qui sont « au cœur de cette ambition renouvelée : « la relance du français dans les pays du Maghreb », « le développement de partenariats durables dans le domaine de la formation et de la recherche », « la définition d'une ambition audiovisuelle partagée », enfin « le renforcement des relations entre nos sociétés civiles et le développement des instruments de dialogue politique. » Un vivier électoral non négligeable Le ministre a ensuite fait valoir que « la relation entre la France et le Maghreb ne doit pas se résumer à un tête-à-tête. Elle doit être ouverte et s'insérer naturellement dans le partenariat euro-méditerranéen ». Et enfin de dire qu'« il ne s'agit pas d'une relation Nord-Sud déséquilibrée, mais d'une relation entre pairs, d'une relation qui mise sur l'intégration de la rive sud ». Après l'exposé de son programme pour l'avenir du partenariat renforcé, le chef de la diplomatie française s'est prêté à quelques questions de journalistes. C'est ainsi que sur le Sahara-Occidental, il a exprimé l'accueil favorable par la France du plan d'autonomie présenté par le Maroc, en le considérant comme une proposition « de nature à ouvrir des perspectives pour un Maghreb stable, uni… Un dialogue de confiance entre les Etats de la région est à encourager. Le Maroc a proposé un plan d'autonomie, c'est une démarche constructive, une ouverture pour une solution durable dans le cadre des Nations unies ». Sur la signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France, Douste-Blazy a souligné que les chefs d'Etat des deux pays jugeront du calendrier pour ce faire. Et il a ajouté que « les relations entre les deux pays sont excellentes, je ne le dirai pas si ce n'était pas le cas. » A notre question sur la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l'identité nationale et de l'immigration et sur la dimension maghrébine de cette identité, Douste-Blazy a répondu que « ce sont les vagues migratoires qui ont façonné notre identité nationale. C'est une richesse… C'est le mot intégration qui est important. Cette idée n'est fondée ni sur la religion ni sur l'origine ethnique, mais sur la volonté de vivre ensemble. La diversité de notre pays est une force et une richesse ». L'allié du candidat Sarkozy n'oublie pas que la communauté française d'origine maghrébine est un vivier électoral non négligeable. « Le Maghreb fait pleinement partie de l'identité de la France, il est une richesse dans notre projet de société, grâce notamment à ces millions de Français d'origine maghrébine, trait d'union naturel entre les deux rives. C'est à cause de l'histoire et à cause des femmes et des hommes qui l'ont façonnée que la relation entre la France et le Maghreb est une relation à part, une relation singulière. Celle-ci suppose un engagement clair et durable de l'ensemble des acteurs concernés. » Et d'observer : « Quel gâchis de ne pas profiter de ces millions de Franco-maghrébins qui sont un trait d'union entre nos pays ».