Selon le département de M. Benbouzid, la consommation des stupéfiants ne dépasse pas 1%. ll “45%, c'est énorme ! Cela veut dire qu'un enfant sur deux se drogue. C'est incroyable !” C'est ainsi que Mme Remki, directrice de l'Action sociale et des activités culturelles et sportives au ministère de l'Education nationale, réagit aux résultats du sondage de la Gendarmerie nationale réalisé en décembre dernier sur la consommation de la drogue dans une dizaine d'établissements de la capitale. Du coup, elle a adressé une instruction aux directeurs de l'éducation des 48 wilayas leur demandant de lui envoyer leurs propres statistiques. Ces chiffres récapitulent les résultats d'une étude sur la violence en milieu scolaire s'étalant sur 5 ans (de 2000 à 2005). À ce jour, 38 académies ont transmis leurs rapports. Beaucoup portent la mention RAS. La totalité des cas s'élève à 226. À Alger, une vingtaine de consommateurs uniquement est recensée. Cette comptabilité est tenue par les animateurs des Unités de dépistage et de soins (UDS). Mais elle se base uniquement sur les comptes rendus des auscultations pratiquées à la rentrée scolaire. Tout au long de l'année, ce genre d'examen est rarement renouvelé alors que de nouveaux consommateurs peuvent surgir. Défendant ses chiffres, la directrice de l'Action sociale martèle que la drogue à l'école est un phénomène marginal qui touche 1% de l'ensemble des élèves. Pourtant, le sondage de la gendarmerie semble bien avoir ébranlé ses certitudes. Dorénavant, des statistiques seront élaborées annuellement pour suivre l'évolution du fléau. Les directions de l'éducation sont mises en alerte. Des journées de sensibilisation sont organisées. Un prix sera même décerné à l'occasion de la Journée du savoir pour les auteurs des meilleurs dessins et exposés sur les méfaits des stupéfiants. Cependant, aux yeux du professeur Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), ce genre d'initiative est de la poudre aux yeux. La dépréciation par le département de l'éducation des résultats des sondages (dont les siens) le rend “irresponsable”. En 1995, en 2003, puis en 2005, la Forem a réalisé des enquêtes aux résultats époustouflants. Mais les pouvoirs publics les ont qualifiés de “farfelus”. Dernièrement, MEDSPAD (le Projet méditerranéen d'enquête scolaire sur l'alcool et les autres drogues) a réalisé son propre sondage, révélant que 17% des collégiens et lycéens algériens s'adonnent aux stupéfiants. Pour Mme Remki, toutefois, la méthode du questionnaire anonyme n'est pas sérieuse, car ses résultats se basent uniquement sur les réponses des sondés qui, selon elle, peuvent ne pas dire la vérité. “Un élève peut copier la réponse de son camarade. Si ce jour-là, il est mal en point ou en colère, il va prétendre "exprès", qu'il consomme de la drogue”, commente la directrice. S. L.