La demande au niveau national a dépassé, ces derniers jours, le seuil toléré des 6 200 Mw, en raison, notamment du rafraîchissement des températures, a averti, hier, dans un communiqué la Société algérienne de l'électricité et du gaz, tout en assurant qu'elle reste mobilisée pour satisfaire toute demande supplémentaire. La baisse des températures enregistrée ces derniers jours a engendré une forte consommation d'électricité, dépassant le seuil toléré des 6 200 mégawatts. La puissance appelée en heure de pointe, c'est-à-dire entre 19h-20h, a atteint samedi, indique dans un communiqué la Société algérienne de l'électricité et du gaz, Sonelgaz, 6 217 MW contre 6 135 MW mercredi dernier. Or, la demande maximale nationale en électricité a été évaluée seulement à 6 057 MW en janvier de l'année écoulée. Un tel scénario, faut-il le préciser, n'était pas inscrit dans les prévisions de la Sonelgaz. L'entreprise vit actuellement une situation on ne peut plus inattendue. Il y a à peine quelques jours, la direction générale était confiante quant à la bonne gestion de cette période hivernale. Le P-DG, M. Nouredine Bouterfa, a déclaré récemment que la Sonelgaz disposait d'une réserve confortable pour passer l'hiver au chaud… Il fondait ses dires sur la capacité disponible qui était de l'ordre de 6 500 MW pour des besoins en consommation ne dépassant pas les 5 900 MW. Or, au bout d'une dizaine de jours, la nature a contredit le premier responsable de la Sonelgaz et remis en cause l'assurance qu'il a bien voulu faire valoir devant la population. Avec la réception de la centrale de Marsat-El-Hadjadj, un groupe qui est en révision de 260 mégawatts vers la fin du mois en cours et celle de Berouaghia (Médéa), l'entreprise devrait avoir, selon lui, une capacité globale qui avoisinerait les 7 200 mégawatts. Une telle offre se veut, certes, une marge sécurisante pour tout l'hiver, mais c'était sans compter sur les changements climatiques qui peuvent intervenir à tout moment. “C'est la cote d'alerte”, diront certains observateurs qui songent d'ores et déjà aux fréquents délestages auxquels risque de recourir la Sonelgaz pour faire face à une demande supplémentaire importante pendant les tranches horaires de grande consommation. Le P-DG était néanmoins catégorique à ce propos : “Il n'y aura pas de réduction d'alimentation en électricité.” Devant ces nouvelles donnes, changera-t-il d'avis ? Une chose est certaine, Sonelgaz reste mobilisée, indique-t-on dans le même communiqué, pour satisfaire toute demande supplémentaire. Les délestages seront-ils repris ? “Face à la probabilité d'une croissance encore plus forte de la demande, surtout si les conditions climatiques actuelles persistent, Sonelgaz mobilise tous les moyens pour satisfaire le marché national dans les meilleures conditions de qualité et de continuité de service”, assure la société. Sonelgaz a saisi cette occasion pour renouveler à ses clients son appel à une consommation électrique toujours plus rationnelle. Ce message tant réitéré par l'entreprise à coups de spots publicitaires et autres supports est, semble-t-il, bien passé. La population prend conscience de cette problématique. L'on s'interroge toutefois si le seuil toléré des 6 200 MW franchi n'aurait pas pour origine la mise à l'arrêt pendant 10 jours d'une tranche (groupe) de 400 MW de Charikat Kahraba de Skikda, imposée par l'entretien impératif des turbines à gaz. Car, si une certaine période d'utilisation de ces machines est dépassée, explique-t-on, il risque d'y avoir des conséquences sur leur état de fonctionnement. Ainsi, si un éventuel déclenchement d'une tranche de 400 mégawatts se produit en cours d'exploitation, à un moment de pointe (moment de grande consommation), notamment aux environs de 19 heures, il peut y avoir une incidence temporaire sur l'alimentation des clients en électricité, le temps, estimé à une heure, de remettre le groupe sur réseau (recouplage). Ce n'est pas l'avis du P-DG qui estime que l'arrêt d'une tranche à Skikda n'aura pas de conséquences sur l'affectation d'électricité, surtout vers l'Ouest, parce que la région est, où se situe cette wilaya, a une production excédentaire. “Ce qui nous rend optimistes quant à ce problème”, a-t-il rassuré. La situation de la production est, rappelle-t-on, excédentaire à l'Est, relativement équilibrée au Centre et tout juste à l'Ouest. Sinon, le problème trouve-t-il son origine dans le retard accusé pour la réception de la centrale de Berouaghia ? Est-ce cette contre-performance qui a faussé les prévisions de la DG de Sonelgaz ? “Nous avons voulu recevoir la centrale de Berouaghia dans les délais prévus avant de lancer la maintenance de l'unité de Skikda, mais le projet a connu un retard d'un mois. Elle sera toutefois fonctionnelle durant les 15 premiers jours du mois de février prochain. En attendant, nous avons préféré arrêter la machine pour éviter sa détérioration”, soulignera, pour rappel, le P-DG. Par ailleurs, les interconnexions entre régions, autre solution pour une meilleure production de l'électricité, ne seront opérationnelles qu'à fin 2008. Il s'agit d'un réseau qui est en construction. Aujourd'hui, les interconnexions sont insuffisantes pour transférer de l'énergie d'une région à une autre. Badreddine KHRIS