La société publique appelle ses clients à réduire leur consommation en énergie. La Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) est une nouvelle fois sous les feux de la rampe. L'alimentation en énergie électrique des régions Est et Centre du pays connaît depuis quelques semaines de sérieuses difficultés, causant des désagréments certains aux ménages et aux opérateurs économiques. Le président-directeur général de la Sonelgaz a réuni, hier, la presse pour expliquer les raisons de la pénurie d'énergie et les dispositions prises pour améliorer l'état du réseau. Les principales raisons de cette situation Cette situation critique, que les responsables de la Sonelgaz déplorent, est d'abord le résultat d'une capacité de production insuffisante, surtout dans la région Est du pays, aggravée par la vague de chaleur qui continue de servir et qui a entraîné une augmentation de près de 11% de la demande par rapport à 2002, due, principalement, à l'utilisation massive des climatiseurs. Sonelgaz aurait pu faire face, dans des meilleures conditions de qualité et de continuité de service, à cette situation exceptionnelle si elle n'était pas confrontée au manque de réserves de capacité de production. Cette insuffisance de capacité de production, donc ce déficit, s'explique d'abord par la non-réalisation des investissements planifiés par Sonelgaz, qui ont dû subir, entre-temps, des retards dans leur lancement. C'est le cas de la centrale de F'kirina à Oum El-Bouaghi. En 2000, Sonelgaz a programmé la réalisation de cette centrale électrique. Il fallait l'autorisation de l'assemblée générale de la SPA — Sonelgaz a actuellement le statut de société par actions —, présidée par le ministre de l'Energie est des Mines. À l'époque, l'assemblée générale a demandé à la Sonelgaz de différer la construction de cette centrale. En parallèle, le gouvernement avait lancé un appel d'offres international pour la réalisation d'une centrale électrique de 2 000 mégawatts, dont 1 600 MW destinés à l'exportation et 400 MW réservés à la couverture des besoins nationaux. “Personnellement, j'y ai cru au début”, soutient le PDG de Sonelgaz. Mais le projet, qui a connu des problèmes, a traîné en longueur. Conséquence : en raison de la pénurie que les responsables de Sonelgaz avaient prévue, la société publique est contrainte de procéder au délestage. “Si nous avions construit la centrale de F'kirina en 2002, nous aurions pu éviter cette situation”, affirme M. Benghanem. Ce n'est que récemment que l'autorisation a été donnée à la Sonelgaz. Les investissements dans la production de l'électricité ont baissé de moins 62,5% entre 2001 et 2002. Le manque de production s'explique, notamment dans le région Est, par l'indisponibilité, programmée, d'un groupe de 50 MW de la centrale de Annaba pour rénovation et d'un groupe de 200 MW de la centrale de Jijel pour entretien. Dans la région Centre, la situation demeure également vulnérable à cause de l'indisponibilité d'un groupe de production de la centrale du Hamma, remis au constructeur pour vérification, afin que toute réserve de sécurité soit définitivement levée. Le groupe sera normalement réceptionné au début du mois prochain. Appel aux ménages pour réduire leur consommation La Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) se voit contrainte, en raison de cette pénurie, d'appliquer un plan de délestage. Selon M. Benghanem, le réseau national d'interconnexion n'est pas fait pour réaliser les grands transferts d'énergie, d'où la nécessité de recourir au délestage. “Très incommodants pour les clients, les délestages demeurent la seule solution pour soulager le réseau et minimiser les conséquences de cette situation qui peut dégénérer et causer l'effondrement de tout le réseau national”, soulignent les responsables de Sonelgaz. Ils veulent éviter autant que possible les secteurs sensibles, les centres hospitaliers, les services de sécurité et les services des eaux. Le délestage préventif est tournant. Il touchera en premier lieu les gros consommateurs, c'est-à-dire les clients qui utilisent la haute et la moyenne tension, en d'autres termes les entreprises. Pour ces dernières, il leur est demandé de réduire considérablement leur consommation entre 19 heures et 23 heures. Des contacts ont été pris avec les gros consommateurs, comme Ispat et les cimentiers. Un appel est lancé pour les administrations pour qu'elles éteignent les climatiseurs à la sortie des bureaux. Les ménages aussi ont été ciblés par Sonelgaz. Pour M. Benghanem, si chaque foyer procédait à l'extinction d'une ampoule de 100 watts inutilement allumée, Sonelgaz pourra récupérer 450 MW. “Avec cette quantité d'énergie récupérée, il n'y aura pas de délestage”, assure-t-il. Les projets de Sonelgaz pour remédier à la situation Sonelgaz avertit que les problèmes risquent de se prolonger au-delà de l'été. Il est possible qu'elle soit confrontée à des difficultés semblables durant l'hiver prochain, surtout si celui-ci s'avère aussi rude que l'hiver 2003. Dans l'immédiat, l'entreprise a commencé à mettre en service la totalité des moyens de compensation. Sonelgaz s'apprête, par ailleurs, à mettre en service la centrale de 123 MW de Hassi Messaoud, qui viendra consolider le réseau de l'est du pays vers la fin du mois de juillet. Il est prévu également de remettre en service, probablement en octobre 2003, la centrale hydraulique de Mansouria, d'une capacité de 100 MW, ciblée en octobre 1995 par des actes terroristes. À moyen terme, Sonelgaz s'est engagée à réaliser la nouvelle centrale de F'kirina d'une puissance totale de 300 MW. L'autorisation pour le lancement du projet a été obtenue en avril dernier. Sa mise en service est prévue pour octobre 2004. Les besoins de l'Algérie à l'horizon 2008 sont énormes, ils augmentent chaque année de 7% et nécessitent un investissement de 5 milliards de dollars rien que pour la production de l'électricité. Du coup, il est urgent de penser à la construction d'autres centrales électriques dès maintenant, sans attendre l'implication des étrangers qui, pour des raisons de climat d'investissement pas favorable, préfèrent attendre. Pour M. Benghanem, la demande de 2006 et 2007 doit être programmée aujourd'hui. Car, estime-t-il, la durée moyenne pour construire une centrale électrique est de 30 mois, sans les délais d'appel d'offres et de négociations. Sonelgaz est en train de réfléchir au lancement d'un emprunt obligataire, pour financer ses investissements, comme l'a suggéré récemment le ministre des Finances. Par ailleurs, la sonelgaz détient, selon son premier responsable, 24 milliards de dinars de créances dont trois quarts sur l'Etat et ses démembrements. Importations d'électricité M. Benghanem affirme que l'Algérie a recouru à l'importation de l'électricité de Tunisie durant l'hiver 2002 pour deux millions de dollars. Le coût du mégawatt est d'environ 55 dollars, beaucoup plus cher que celui pratiqué par Sonelgaz pour ses clients algériens. Le premier responsable de l'entreprise souligne que la différence de prix n'a pas été répercutée sur la facture du consommateur algérien. Il explique que Sonelgaz achète 13 milliards de mètres cubes de gaz à la Sonatrach à un prix 10 fois moins cher que celui pratiqué par cette dernière sur le marché international, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole. 65% des 13 milliards de mètres cubes sont destinés à la production de l'électricité, le reste à la consommation des industries et des ménages. Le PDG de l'entreprise n'a pas exclu le recours à l'importation de l'électricité. M. Benghanem, même s'il n'a pas évoqué d'une façon directe l'éventualité de voir le prix de l'électricité augmenter, estime que l'importance du volume des investissements à mobiliser est liée au prix du kW. Réponse au syndicat La Sonelgaz a toujours été ouverte au dialogue, dira M. Benghanem. La filialisation de la société a été prévue par la loi sur l'électricité, actuellement en vigueur. Elle ne prévoit peut-être pas le nombre de filiales, “mais la question est négociable”, souligne le PDG de Sonelgaz. Pour ce dernier, il n'a jamais été question de privatisation de Sonelgaz. La société est publique depuis 1947. Si ouverture du capital il y a, elle ne pourra pas dépasser les 49%. En d'autres termes, l'Etat restera toujours majoritaire. M. Benghanem souligne que la loi sur l'électricité a fait l'objet de beaucoup de débats et d'informations. Les indemnisations La Sonelgaz s'est engagée à indemniser, à travers son assureur la CAAT, les foyers qui enregistrent des dégâts résultant du défaut de réseau. Ces foyers doivent se rapprocher des agences Sonelgaz rapidement, pour leur signaler les dégâts. M. R. Exportations en Hausse 12,10 milliards de dollars US, le premier semestre 2003 Le Centre des statistiques de la douane, Cnis, indique que les exportations de l'Algérie ont atteint une valeur de 12,10 milliards de dollars US, le premier semestre 2003, soit une croissance de 39,34% par rapport à la même période de l'année dernière. À ce rythme, les recettes atteindront plus de 20 milliards de dollars environ durant l'année en cours. 2003 sera alors un très bon cru. Les importations, sont également en augmentation, un effet probablement du Plan de relance. Elles ont atteint 6,46 milliards de dollars, soit une progression de 13,24%. Ainsi, l'excédent de la balance commerciale s'élève à 5,64 milliards de dollars le premier semestre 2003. Les exportations hors hydrocarbures se chiffrent à 343 millions de dollars les six premiers mois de l'exercice en cours, soit une croissance de 5,54%. L'Algérie continue à financer ses importations essentiellement en cash (80,45%). Les lignes de crédit représentent une part de 11,60%, soit un montant global de 749 millions de dollars. N. R.