La Maison-Blanche n'a toujours pas remis au Congrès sa demande de rallonge budgétaire pour financer son offensive contre Saddam. Le Sénat américain reprendra, aujourd'hui, ses travaux, suspendus vendredi soir suite au refus des démocrates d'adopter sans attendre le projet de budget pour l'année 2004 proposé par George Bush, pour tenter de trouver un consensus. Les élus démocrates, ainsi qu'une partie des républicains sont réticents à l'idée de voter un budget avant que la Maison-Blanche ne présente ses estimations du coût de la guerre en Irak et de la reconstruction de ce pays. Ils estiment prétentieux de la part de l'Administration Bush de tabler sur une réduction des impôts de 726 milliards de dollars sur dix ans, qui ne devraient pas dépasser, selon eux, la moitié. L'aggravation du déficit budgétaire, avec le record établi par le locataire du bureau ovale et le début de la guerre sont les arguments avancés par les opposants au projet de budget, qu'ils considèrent comme de sérieux risques pour l'économie américaine. Alors que le Washington Post, se référant à des responsables du département d'Etat, évalue la rallonge budgétaire pour faire face aux dépenses de la guerre en Irak à 80 milliards de dollars, le chef de file de l'opposition démocrate au Sénat, Tom Dashle, la situe entre 100 et 200 milliards de dollars. Pour rappel, George Bush avait esquivé toutes les questions relatives à l'estimation du coût de la guerre. Il n'a pas manqué cependant de spéculer sur les “bénéfices” qui seraient “incommensurables”. Pour rappel, le conseiller économique de la maison-Blanche, Lawrence Lindsey, qui avait estimé le prix de la guerre à 200 milliards de dollars, a payé chèrement son audace de révéler ce chiffre à la presse en se voyant prié de remettre une démission forcée en décembre dernier. Il est fort probable que le sénat réduise, aujourd'hui, de 100 milliards de dollars, la réduction d'impôts de 726 milliards de dollars, initialement demandée par Bush. Cette différence servirait ainsi à financer les opérations militaires en Irak. La Chambre des représentants a, pour sa part, adopté, vendredi dernier, les réductions d'impôts demandées par le président américain par une majorité de deux voix seulement, 215 voix pour et 213 voix contre. C'est dire que les prévisions budgétaires de 2004 de Bush feront face à une sérieuse opposition au Sénat aujourd'hui. K. A.