Le diplomate a assuré que la décision de liquider la joint-venture algéro-américaine émane exclusivement des officiels algériens. La fin de l'émission El Wadjiha de la Chaîne I, de la Radio nationale, a joué hier en faveur de Robert Stephen Ford. À une dernière question sur la dissolution de la joint-venture algéro-américaine Brown Root&Condor (BRC), il y a un mois, l'ambassadeur US à Alger, qui était l'hôte du débat, a commencé par dire qu'il n'a pas d'informations avant de convenir : “C'est une affaire algérienne. Les responsables algériens ont pris la décision de la dissoudre.” Le dossier lié à l'octroi de marchés de gré à gré et des sous-traitances a précipité la fin de cette entreprise spécialisée dans l'ingénierie pétrolière. Son capital était détenu à hauteur de 51% par Sonatrach et à 49% par Halliburton. De l'aveu du représentant du département d'Etat, d'autres scandales d'ordre financier, comme celui de Khalifa, ont poussé les autorités algériennes à réclamer l'aide américaine en matière de contrôle des banques. Dans un exposé sur la coopération entre les deux pays, M. Ford est revenu sur l'envoi à Alger de deux missions techniques composées d'experts du ministère des Finances américain et de l'Association locale des banques privées en vue d'animer des sessions de formation au profit des contrôleurs financiers algériens, à la demande de la Banque d'Algérie et du département de Mourad Medelci. À partir de la semaine prochaine, le Fonds national d'épargne logement sera visité par un spécialiste des hypothèques US en vue de l'aider à améliorer la qualité de ses services. “Une économie forte est garante de la stabilité et un rempart contre l'extrémisme dans un pays”, assure M. Ford. Selon lui, cette réussite s'exprime surtout à travers la création d'emplois pour les jeunes et la mise en place d'un secteur compétitif. À cet égard, il encourage les autorités algériennes à accélérer les réformes qui, à son avis, sont la condition suprême à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Niant les obstacles mis par les Etats-Unis et l'Union européenne devant l'accès de notre pays à ce forum, il observe que l'accélération du processus dépend uniquement de la capacité des autorités nationales à mettre leur économie au diapason des économies mondiales. “Les conditions sont les mêmes pour tous les pays du monde”, martèle l'ambassadeur. Dévoilant le montant des échanges commerciaux entre l'Algérie et son pays, 14 milliards de dollars en 2006, il souhaite que le volume des importations vers les Etats-Unis soit diversifié et touche d'autres domaines que les hydrocarbures. À cet effet, des initiatives sont prises afin de faire connaître les entreprises algériennes activant dans l'agroalimentaire par exemple. Ainsi, un pavillon algérien sera installé pour la première fois à la Foire commerciale de Chicago qui se tiendra dans deux mois. Cette participation a été rendue possible par le Forum des hommes d'affaires algéro-américain. Sur le plan sécuritaire, la coopération entre Alger et Washington est sans doute plus dense. “Nous avons beaucoup bénéficié de l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme”, reconnaît l'ambassadeur. Par ailleurs, il admet que le peuple algérien a vécu des moments horribles. D'ailleurs, il se souvient avoir visité des lieux de massacres dans la Mitidja en 1996 quand il était conseiller aux affaires économiques à la chancellerie. Depuis le 11 septembre 2001, mais surtout depuis que le GSPC est devenu le bras armé d'Al-Qaïda au Maghreb et au Sahel, les USA ont reconsidéré leur position et admis l'Algérie dans le cercle de leurs plus fidèles alliés. M. Ford est revenu à l'occasion de son passage à la radio sur les grandes lignes de cette coopération, dont la formation des officiers algériens au sein des écoles militaires d'outre-Atlantique, ainsi que l'organisation d'exercices militaires conjoints dans le Sahel, en collaboration avec les armées des autres pays de la région comme le Mali, le Niger et la Mauritanie. Samia Lokmane