La crainte d'une escalade des violences et des protestations dans le monde musulman, déclenchées par des travaux près de l'esplanade des Mosquées, ont semé, hier, la division au sein du gouvernement israélien au lendemain de heurts à Jérusalem. Les divergences de vue sur la tactique à adopter ont été exprimées par le ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter et le vice-ministre de la Défense Ephraïm Sneh, un proche du ministre de la Défense Amir Peretz, qui a demandé la suspension des travaux. “La rampe d'accès à la porte des Maghrébins se trouve en dehors de l'esplanade des Mosquées et il n'y a aucune raison de céder à la campagne d'une poignée d'extrémistes du mouvement islamique qui veulent déclencher une escalade des violences”, a affirmé M. Dichter à la radio publique. Vendredi, la police israélienne a pénétré sur l'esplanade pour disperser des fidèles qui lançaient des pierres, lors d'une “journée de colère” décrétée par les dignitaires religieux palestiniens. Vingt Palestiniens et quinze policiers israéliens ont été légèrement blessés. “Il n'y aura pas de troisième Intifada à cause de ces travaux indispensables”, a assuré Avi Dichter, un ancien chef du Shin Beth, le service de sécurité intérieure. La colère des Palestiniens et du monde musulman a été déclenchée, mardi, par des travaux entrepris par les autorités israéliennes au pied de l'esplanade. Ce chantier, affirment-elles, a pour objectif de construire une nouvelle rampe d'accès à l'esplanade, l'ancienne ayant été endommagée par des intempéries en 2004. Selon le Waqf, l'organisme chargé de la protection des biens religieux musulmans, les travaux menacent les fondations de l'esplanade. M. Dichter a précisé que les travaux “dureront plus d'un an car pour le moment, a-t-il dit, nous n'en sommes qu'au stade des fouilles archéologiques sur le site qui doivent précéder les travaux de construction”. Le ministre a également annoncé le maintien du dispositif policier massif déployé ces derniers jours. Ephraïm Sneh a en revanche suggéré de “réfléchir de nouveau à ce dossier, même si nous avons raison d'un point de vue juridique et archéologique”. “On ne pourra gagner la guerre contre les extrémistes islamistes qu'avec le soutien des modérés, c'est pourquoi il faut agir intelligemment”, a ajouté le vice-ministre de la Défense, membre du parti travailliste comme Amir Peretz. Washington est allé dans le même sens en prônant la prudence et la prise en compte des “sensibilités” afin de ne pas enflammer “les tensions”. Amir Peretz a proposé l'arrêt immédiat des travaux dans une lettre au Premier ministre de crainte d'une escalade des violences. Côté musulman, on promet une poursuite des protestations. “Nous avons un programme complet de protestations pour les prochaines semaines afin d'empêcher le crime israélien contre la mosquée d'Al-Aqsa”, a indiqué un responsable du Mouvement islamique, Raed Salah, un Arabe israélien. R. I./Agences