Réagissant fermement aux assertions américaines, au sujet de l'utilisation par des milices en Irak de bombes qu'il aurait fournies, l'Iran dément catégoriquement et parle de "propagande" américaine. Deux militaires et un membre des services de renseignement américains ont présenté, dimanche à des journalistes à Bagdad, ce qui constitue, selon eux, les preuves — photos, projectiles — de l'ingérence de Téhéran dans les violences irakiennes. Selon eux, des bombes de fabrication iranienne importées illégalement en Irak ont entraîné la mort de 170 soldats américains et alliés depuis juin 2004. “L'Iran est impliqué dans la fourniture de projectiles explosifs (EFP) et d'autres matériaux à des groupes extrémistes irakiens”, a, en effet, indiqué, à plusieurs journalistes, un haut responsable américain au sein de la Force multinationale déployée en Irak, en s'exprimant sous le couvert de l'anonymat lors d'un point de presse sur ce dossier. Les trois responsables de la Force multinationale participant à cette réunion ont désigné du doigt les Brigades Al-Qods des Gardiens de la révolution iranienne. L'un d'entre eux a indiqué que la Force multinationale détenait des preuves établissant l'augmentation des livraisons de ce type de bombes, conçues pour transpercer les blindages, à des groupes armés chiites. “Nous estimons que ces activités sont commanditées au plus haut niveau de l'administration iranienne”, a-t-il affirmé, en ajoutant que les Brigades Al-Qods rendent compte directement au guide suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei. Les trois responsables de l'armée américaine ont montré à la presse des photographies de certaines des bombes saisies, dont un missile et des engins explosifs, “preuve”, selon eux, de leurs assertions. Ceci étant, l'Administration américaine assurait, depuis plusieurs semaines, détenir des preuves des ingérences de l'Iran en Irak et avait promis de publier des détails sur les réseaux iraniens dans ce pays. “Il y a des preuves solides que des agents iraniens sont impliqués dans ces réseaux et qu'ils travaillent avec des individus et des groupes en Irak et qu'ils sont envoyés par le gouvernement iranien”, affirmait récemment le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Réagissant à ces accusations, Mohammad Ali Hosseïni, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré lors d'un point de presse : “Les accusations américaines de ces derniers mois au sujet de l'implication de l'Iran dans les troubles en Irak sont sans fondement.” Ce responsable iranien a mis en doute la véracité des accusations américaines en déclarant : “Le Congrès américain n'a pas été convaincu par les affirmations des responsables américains, et même la CIA a dit qu'elle ne pouvait accuser l'Iran d'être impliqué dans les troubles en Irak.” Qualifiant les accusations américaines d'“inacceptables”, il a estimé qu'elles “ont été lancées dans un but de propagande”. Mohammad Ali Hosseïni a également assuré qu'“aucun responsable iranien haut placé ou autre n'est impliqué dans les troubles en Irak”. À Bagdad, un diplomate de l'ambassade iranienne avait déclaré hier matin : “C'est faux. Ce n'est pas juste. L'Iran n'a pas livré ces armes.” Par ailleurs, l'armée américaine détient 5 Iraniens arrêtés lors d'un raid, le 11 janvier, contre un “bureau de liaison” iranien à Erbil, qu'elle soupçonne d'être “étroitement liés aux activités visant l'Irak et les forces de la coalition” dans ce pays. K. ABDELKAMEL/Agences