Toute la presse s'est affolée lorsqu'elle a appris le limogeage de Boudjemâa Karèche. Une figure de la résistance contre l'intégrisme et l'inculture. Un homme pétri d'espérances. De foi en le devenir. Derrière ses gros carreaux, avec ses yeux fatigués, l'infatigable ouvrier du plus beau musée du cinéma algérien a vu se flétrir l'Algérie. Il n'a jamais baissé les bras. Il s'est accroché à ses certitudes. Son radeau : son pays. Non ! l'Algérie, parfois corrompue, souvent corruptrice, n'a pas eu l'indécence d'aller jusqu'à le remercier. Le jeter. Lorsqu'on a liquidé les organismes cinématographiques algériens, notamment le CAIC (ex-ONCIC), on a mis le matériel de production sous scellés et la tutelle du domaine. Après moult batailles des professionnels du secteur, les scellés ont sauté et le matériel — caméras, cellules de montage, projecteurs, etc. — a fini par être affecté au ministère de la Communication qui a judicieusement légué ces biens au Centre algérien de la cinématographie (la Cinémathèque). Dans la foulée, le ministère nomme M. Hocine Arhab, un professionnel du secteur, comme administrateur de ces biens. Faqat ! La confusion est née là. Arhab est chargé de veiller sur ce matériel. Karèche Boudj, pour tous ceux qui aiment le cinéma, reste à la tête du Centre algérien du cinéma. Il ira certainement jusqu'au bout. C'est-à-dire quelques années après sa retraite. Au grand bonheur de ceux qui aiment la pellicule. M. O.