Ce livre est une compilation de toutes les chroniques parues dans certains quotidiens nationaux. Boudjema Karèche aime la vie. Cela va de soi. C'est même une évidence, du moment que tout le monde s'échine et lutte pour rester vivant. Mais Boudjema l'aime d'une façon assez particulière. La recette est toute simple: cette vie, il la voit à travers, ou plutôt dans le regard des autres. Parce qu'il aime chez eux cette manière de s'accrocher, même quand ils savent que leur dernière chance réside dans un rameau frêle et fragile. Chez Boudjema, l'Autre devient le centre de gravité dès lors que celui-ci se met sur la défensive, ne laissant pas tomber la tâche entamée; ne courbant point l'échine devant les affres du temps; ne baissant jamais les bras quoiqu'il arrive. C'est en effet à tous ces gens-là qu'il rend hommage dans son livre Un jour, un film paru dernièrement chez les éditions Jazz. Ce livre, est en effet une compilation de toutes les chroniques parues dans les quotidiens nationaux. Cet ex-directeur de la Cinémathèque algérienne, avant de partir à la retraite, publiait déjà des chroniques sur les colonnes du journal Le Matin. Et qu'est ce qu'il écrivait? Il parlait de quoi, de qui, pourquoi? Pas la peine d'aller fouiner ailleurs. Ce Templier parlait des hommes. Il parlait aussi du cinéma, du film, de la pellicule, des bobines, de l'art...mais surtout de la manière. Karèche parle beaucoup, plutôt écrit, sur ces petites gens qui demeurent dans l'ombre. Qualifié et à juste titre d'«agitateur culturel» par le réalisateur Liazid Khodja, Boudjema Karèche n'avait de cesse, tout au long des années qu'il a passées à la tête de la Cinémathèque, de dénoncer l'état lamentable dans lequel s'est retrouvé le cinéma algérien. «En 2000: zéro production, zéro salle, zéro distributeur, zéro billet vendu» déclare-t-il dans un entretien accordé au journaliste Charles Tesson. Ce dernier, parlant de Boudjema, écrit: «il est plus que le directeur de la Cinémathèque d'Alger, une sorte de légende vivante qui a fait de la salle une plaque tournante de la cinéphilie algérienne. Pendant les années sombres, quand plusieurs salles ont été menacées, la Cinémathèque n'a jamais renoncé à ses activités, devenant l'unique foyer de résistance». Cela se passait au temps où la mort était présente dans chaque recoin de rue, dans chaque bout de boulevard. C'était l'époque où...mais faut-il encore parler de ça? Certainement oui. Oui, parce qu'on ne doit plus se laisser avoir et surtout il ne faut plus laisser les charognards s'emparer de notre mémoire.Justement, dans ce recueil de textes choisis, M.Karéche parle de toutes ces femmes et de ces hommes qui ont opté pour la résistance. Unique, et peut-être, l'ultime façon de rendre hommage à la vie.Le livre, Un jour, un film est composé de six chapitres. Au commencement c'était un ami: Ali Zamoum, l'homme libre. Puis vient le cercle des femmes belles et courageuses. Celles qui ont marqué sa vie, à l'instar de l'étudiante Taos Bendali, Dalila Hadjadji, l'agricultrice ; Habiba Djahnine, Zoubida Zenati, Samira Keddour, Fetouma Ousliha, Axelle Waltèche. Ensuite, Karèche aborde ces hommes qui se sont donnés corps, coeur et âme pour la sauvegarde du septième art algérien. Ainsi, dans Un jour, un cinéaste, Boudjema se met à parler tour à tour de Amor Hakkar, «l'enfant des Aurès»; Azzedine Meddour «l'enfant de nos montagnes»; «le cinéaste poète» Brahim Tsaki...et la liste est encore longue. En somme, dans son livre, «long» de 260 pages, l'auteur ne fait enfin de compte que rendre hommage à tous ces gens qui luttent pour que l'Algérie reste debout.