Alors que des congressmen américains ont dénoncé le plan d'autonomie proposé par le Maroc, le qualifiant de proposition unilatérale en violation de la légalité internationale, Rabat fait le forcing à Washington dans l'espoir d'arracher le soutien de l'Administration Bush. À l'approche du traitement par le Conseil de sécurité des Nations unies du conflit sahraoui, des officiels marocains ont multiplié les déplacements à Washington pour convaincre les Américains de “la viabilité” et “la faisabilité” du plan d'autonomie que Rabat propose d'appliquer au Sahara occidental. Le Maroc semble accorder une importance particulière au rôle que peuvent jouer les Etats-Unis dans le règlement de cette affaire, d'où le forcing de ses diplomates, qui ont multiplié les déplacements dans la capitale fédérale américaine, ces dernières semaines. Ils usent de tous les arguments pour expliquer aux responsables américains, le sérieux de la “solution” que propose Mohammed VI pour régler à sa manière la question du Sahara occidental. Celle-ci consiste, selon lui, en l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU du plan d'autonomie, qu'il préconise. Une délégation marocaine a rencontré, entre autres responsables, le secrétaire d'Etat adjoint aux affaires politiques, Nicholas Burns, pour lui soumettre la proposition marocaine, selon le département d'Etat américain. Dans une note de presse publiée mercredi, le bureau du porte-parole du département ministériel de Condoleezza Rice, signale que Nicholas Burns s'est entretenu, mardi, à Washington, avec un membre d'une délégation marocaine, du dossier sahraoui et de l'initiative de Rabat. “Les Etats-Unis saluent tous les efforts pour trouver une solution pratique et réaliste pour mettre fin à un conflit qui n'a que trop duré et de manière à apporter la paix, la stabilité et la prospérité économique au Maghreb”, lit-on dans le communiqué rendu public. Cela intervient au moment où des parlementaires et des militants des droits de l'homme et de la société civile américaine appellent le gouvernement Bush à soutenir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. En effet, des congressmen américains ainsi que le représentant sahraoui à Washington ont dénoncé ce pseudo plan d'autonomie, le qualifiant de proposition unilatérale en violation de la légalité internationale et des dispositions de la communauté internationale préconisant, notamment l'organisation d'un processus d'autodétermination placé sous le contrôle des Nations unies. Ils demandent au président George W. Bush de peser de tout son poids pour que justice soit rendue au peuple sahraoui et que soit appliquées les résolutions déjà prises par la communauté internationale soutenant un référendum d'autodétermination au Sahara occidental sous l'égide des Nations unies et sous le contrôle de la communauté internationale, en toute transparence, justice, liberté et indépendance. Idem pour la Fondation américaine d'amitié et de solidarité avec la cause sahraouie, US Western Sahara Foundation, qui a adressé, une lettre au président George W. Bush, pour lui demander de saisir son Administration pour qu'elle intervienne de “façon urgente” dans la recherche d'une solution juste et pacifique au Sahara occidental. “Nous vous saisissons au nom de l'US Western Sahara Foundation, une association bipartisane de citoyens américains, pour vous demander de pousser votre Administration à soutenir le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, la seule colonie en Afrique à être encore sous occupation coloniale”, écrivent, dans leur message, Mme Suzanne Scholte et Carlos Wilson, respectivement présidente et directeur exécutif de l'association. Reste à savoir maintenant si l'Administration Bush demeurera insensible à ces appels appelant à soutenir la légalité internationale dans ce cas de décolonisation. K. ABDELKAMEL