Plusieurs sénateurs et congressmen américains ont adressé une lettre au président George W. Bush dans laquelle ils réaffirment le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et dénoncent, comme une violation du droit international, la tentative de Rabat d'imposer comme seule solution au conflit une autonomie sous souveraineté marocaine. Cette lettre rendue publique lundi, à quelques jours du second round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, les 10 et 11 août, à Manhasset, près de New York dont une copie a également été transmise à la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, au conseiller présidentiel pour la sécurité nationale, Stephen Hadley, et à l'ambassadeur, représentant des Etats-Unis a l'ONU, Zalmay Khalilzad. Le document est signé par de nombreux sénateurs, dont Edward M. Kennedy, président de la commission de la santé, de l'éducation et du travail, James M. Inhofe, ancien président de la sous-commission Afrique et membre influent de la commission des relations étrangères, Russel D. Feingold, président de la sous-commission Afrique. Plusieurs membres de la Chambre des représentants (députés) ont également apporté leur soutien à cette nouvelle adresse au président Bush l'appelant à user de ses pouvoirs auprès des institutions et administrations américaines pour respecter les fondements de la légalité internationale et les résolutions onusiennes, appuyer la cause sahraouie et plaider pour une solution respectant le droit international, les dispositions pertinentes des Nations unies et le libre choix du peuple du Sahara occidental, confronté a une occupation par la force par le Maroc. “Nous exprimons notre profonde préoccupation quant au conflit qui perdure au Sahara occidental”, écrivent les parlementaires américains au président Bush qui expriment également leur inquiétude des conséquences des déclarations d'officiels de l'administration américaine apportant leur soutien à “l'unilatéralisme et à l'intransigeance de Rabat”, et qui menacent de remettre en cause les efforts déployés de longue date par les Etats-Unis et les Nations unies pour promouvoir un processus d'autodétermination libre, juste et transparent dans cette dernière colonie en Afrique. “Nous vous demandons de façon urgente de prendre les mesures à même d'amener votre administration à respecter le droit du peuple sahraoui à choisir librement son avenir politique et économique”, soulignent les sénateurs et congressmen américains. “Récemment, le royaume du Maroc a proposé un plan d'autonomie pour le Sahara occidental, plan qui, ni plus ni moins, empêche les Sahraouis de participer au processus d'autodétermination”, notent les parlementaires américains, pour qui cette proposition repose sur de pseudos fondements juridiques qui sont “inexacts”. Rappelant que l'autodétermination constitue à la fois le fondement de la loi internationale, le socle sur lequel repose la naissance même de la nation américaine et le principe qui fonde même la Charte des Nations unies et la défense des droits de l'homme, les congressmen indiquent que l'ONU a, sans équivoque, exprimé, à travers des dizaines de résolutions, son soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui. “Les Nations unies ont toujours exprimé sans équivoque leur soutien au droit à l'autodétermination. Elles ont soutenu que lorsque des territoires en transition, comme le Sahara occidental, sortent d'une occupation coloniale, le peuple de ces territoires a le libre choix entre l'indépendance, l'association ou l'intégration à un Etat indépendant”, lit-on dans la lettre adressée au locataire de la Maison-Blanche. À ce propos, les congressmen rappellent que déjà en 1975, la Cour internationale de justice avait réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Cette position de l'organisme juridique spécialisé de l'ONU sera suivie et soutenue depuis par une douzaine de résolutions de l'ONU, dont la plus récente, la 1754, du 30 avril 2007, conformément à laquelle sont organisées les négociations des 18 et 19 juin dernier, sous l'égide des Nations unies. Abordant la position américaine, exprimée par certains officiels, ces dernières semaines, au Congrès, par David Welch, sous-secrétaire d'Etat en charge des affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, les parlementaires estiment que le soutien au plan marocain d'autonomie ne peut que constituer un déni des principes, règles et positions jusque-là défendus par l'ONU et des fondements mêmes sur lesquels est bâtie la nation américaine. “Il est profondément troublant que le droit à l'autodétermination, comme fondement principal sur lequel est bâti notre pays, puisse être refusé à d'autres peuples, qu'ils soient riches ou pauvres, grands ou petits, Timor-Est ou Sahara occidental”, plaident les parlementaires. R. I./Agences