La mission économique de l'ambassade de France a, dans son analyse, relevé toutefois des insuffisances entachant le processus de développement de ce secteur. Le marché national de l'automobile commence progressivement à se professionnaliser. Marqué par une concurrence de plus en plus rude et boosté par des consommateurs devenus trop exigeants, le marché emprunte le chemin du professionnalisme. C'est la conclusion à laquelle est arrivée la mission économique de l'ambassade de France dans une récente analyse sur le secteur de l'automobile en Algérie. Néanmoins, des insuffisances, avouent les analystes, persistent toujours. Ils touchent du doigt particulièrement le manque flagrant de compétences dans la maintenance et le service, créneau réservé à la formation professionnelle. Ils relèvent aussi que la plupart des garages sont peu ou mal équipés. Rares, en effet, sont les garages qui disposent d'équipement et de matériel modernes adéquats qui répondent au développement technologique que véhiculent en leur sein les voitures fabriquées de nos jours. Les 124 agences de contrôle et de diagnostic automobile recensées, dont près d'une quarantaine dans la seule wilaya d'Alger, demeurent insuffisantes et ne peuvent faire face à une demande accrue à la faveur de l'obligation de cette activité (contrôle technique) depuis le 21 avril 2005. L'autre problématique qui entache le processus de développement de ce marché, évoquée par la mission économique, a trait à la contrefaçon notamment dans la pièce de rechange. “La libéralisation du commerce dont celui de la pièce de rechange remontant à une quinzaine d'années”, le secteur est caractérisé par une relative jeunesse et un manque d'organisation. “Les quelques sous-traitants qui existent travaillent essentiellement, sinon totalement, pour les sociétés publiques telles que l'Entreprise nationale de matériel de travaux publics (ENMTP), le Complexe moteur tracteur (CMA) et la Société nationale de véhicules industriels (SNVI)”, lit-on dans cette analyse. Il est mentionné que la plus grande part des pièces de rechange est importée. “50% des pièces de rechange vendues contrefaites” En 2005, ces importations, indiquent les analystes français qui reprennent les statistiques du CNIS (Centre national de l'informatique et des statistiques relevant des douanes), se sont élevées à plus de 160 millions de dollars, enregistrant une hausse de 22,65% par rapport à 2004. “Près de 50% des pièces de rechange automobile vendues en Algérie sont contrefaites. Elles sont généralement d'origine chinoise ou, dans une bien moindre mesure, des pays de l'Europe de l'Est”, constate la mission économique dans son rapport. En dépit de la bonne volonté des services des douanes et de la Direction de la concurrence et des prix du ministère du Commerce, les agents chargés de lutter contre la contrefaçon sont, selon elle, dans l'impossibilité de reconnaître un produit contrefait. “Sur le plan juridique, il existe des lois dont l'ordonnance n° 03-06 sur les marques, mais pas de textes réglementaires”, souligne-t-on encore dans le même rapport. S'appuyant sur les chiffres du Centre national de prévention et de sécurité routière, la mission estime que les accidents liés aux défaillances du véhicule sont à l'origine de 6% des accidents enregistrés en 2005. Les défaillances mécaniques sont la première cause d'accidents, suivies de la mauvaise qualité des pneumatiques et des problèmes liés au freinage. Durant les trois dernières années, le marché a connu une nouvelle donne caractérisée par la montée en flèche dans le classement des marques asiatiques, déstabilisant ainsi l'ordre établi auparavant par les françaises. Pour la première fois, depuis la fin des années 1990, la 1re place a échappé aux marques françaises Peugeot et Renault qui se sont vues reléguées respectivement aux 3e et 4e rangs, au profit des deux constructeurs asiatiques, Hyundai et Toyota, respectivement en 1re et 2e positions, véhicules particuliers et utilitaires confondus. La percée des asiatiques L'année 2006 verra aussi les marques coréennes dominer le marché. Hyundai, Kia et Chevrolet accaparent à elles seules 30,4% du total. Les marques françaises Renault-Dacia, Peugeot et Citroën qui, par le passé, se partageaient 60% du marché, n'en détiennent plus que 26%, estiment les rédacteurs du rapport. Les marques japonaises, quant à elles, se maintiennent avec près de 22%, alors qu'on estime la part des marques allemandes BMW et Mercedes à un peu plus de 6%. La grande inconnue reste, selon les analystes, la part des marques chinoises telles que Chana, Hafei, Foryota qui est difficilement quantifiable à cause du manque de communication de leurs distributeurs. Leurs parts s'élèveraient à environ 10% du marché. Les autres marques dont l'italienne Fiat, l'indienne Maruti se partageraient les 28% de parts de marché restant. Le rapport indique, par ailleurs, que l'Algérie, avec plus de 3 millions de véhicules en circulation, possède le plus important parc du Maghreb. L'âge moyen du parc est, en revanche, élevé puisque, révèle-t-on, 55% des véhicules ont 20 ans et plus, et 80% plus de 10 ans. “Toutefois, ces chiffres peuvent être faussés par le fait que les véhicules définitivement immobilisés ne sont pas déclarés”, tiennent à préciser les analystes. Ce parc est appelé à se renouveler. Les raisons : l'interdiction, depuis le 26 septembre 2005, d'importer des véhicules d'occasion, l'obligation du contrôle technique automobile dont plus de 100 000 véhicules ont d'ores et déjà été contrôlés et l'accès au crédit automobile en 2001. Badreddine KHRIS