Le chef du gouvernement israélien a réaffirmé, hier, son intention de rester au pouvoir. Ainsi, au lendemain d'une manifestation gigantesque à Tel-Aviv, où s'étaient réunis entre 150 000 manifestants, selon la police, 200 000, selon les organisateurs, pour demander son départ, et celui de son ministre de la Défense, Ehud Olmert a déclaré qu'il n'entendait pas démissionner en dépit des appels en ce sens lancés depuis que le rapport de l'enquête sur la guerre du Liban a été rendu public. Pourtant, juifs religieux, colons, laïcs des mouvements de jeunesses de gauche, représentants de familles endeuillées par la guerre, d'associations de soldats réservistes, ont repris en chœur ce mot d'ordre: “démission” lors de ce rassemblement d'envergure. “Vous avez échoué, rentrez chez vous”, pouvait-on lire sur une immense banderole. Selon sa porte-parole :“Le Premier ministre n'entend pas démissionner, ce sont des spéculations.” “Le Premier ministre écoute attentivement tout ce qui se passe et essaie d'agir au mieux pour l'intérêt de l'Etat d'Israël”. Considérée comme “le test de la rue”, la manifestation a été un succès pour les organisateurs, démontrant la volonté de la population de changer d'équipe dirigeante. Selon les derniers sondages, plus des deux tiers des Israéliens estiment que MM. Olmert et Peretz devraient se démettre. Olmert, qui a déjà reconnu ses “erreurs”, a suivi le déroulement de la manifestation sur son poste de télévision, à la résidence du Premier ministre à Jérusalem. “Je vais m'en sortir sans y laisser de plumes”, a-t-il confié à ses conseillers. Imperturbable, le patron de “Kadima” a jusque-là isolé sa chef de la diplomatie Tzipi Livni qui venait d'appeler à sa démission mais sans quitter elle-même son poste, suscitant un vent de critiques à son encontre. Seuls deux autres députés du parti Kadima de M. Olmert sur 29 ont soutenu l'appel de Mme Livni. Quant aux travaillistes, ils n'ont pas encore lâché le Premier ministre et leur chef, Amir Peretz, hésite apparemment à abandonner le navire. Selon le Jérusalem Post, “politicien virtuose”, Ehud Olmert a assuré ses arrières en arrachant à trois formations — les orthodoxes du Shass, l'extrême-droite de Israkl Beitenou, le parti des retraités — le soutien nécessaire pour le maintenir à flot, au moins jusqu'à la publication cet été du rapport final sur la guerre du Liban. Il disposerait, selon les estimations, du soutien de 78 des 120 députés de la Knesset. Enfin, la Maison- Blanche s'est contentée de rappeler la “bonne relation de travail” entre le président George W. Bush et le Premier ministre israélien, mais a refusé de s'exprimer sur le sort d'Ehud Olmert et les conséquences d'une éventuelle démission sur les efforts de paix. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, a refusé “de jouer au jeu de ce qui devrait se passer, ce qui se passera et ce qui aurait pu se passer” quand la presse l'a interrogé sur un éventuel souhait de M. Bush de voir M. Olmert rester à son poste et sur les conséquences d'une démission sur les efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens. K. A