Le cheikh Saoud Ben Saqr Al-Qassim, prince héritier des Emirats arabes unis, est à Alger pour une visite de travail de deux jours. Il a été reçu hier par Abdelaziz Bouteflika. Arrivée surprise hier du prince héritier des Emirats arabes unis et vice-gouverneur de Ras El-Kheïma pour une visite de travail de deux jours à Alger. La délégation comprend également le président du Conseil national émirati d'Abou Dhabi, Abdelaziz Al-Gharir. Le cheikh Saoud Ben Saqr Al-Qassim a été reçu par le président de la République au Palais du peuple. L'état de la coopération bilatérale, les projets d'investissement des grands groupes émiratis en Algérie et la conjoncture internationale sont autant de points qui focalisent l'attention des autorités des deux pays. Chacun voulant insuffler au partenariat existant une ampleur plus importante. Ce que ne cachera pas d'ailleurs le prince héritier dans une déclaration à la presse à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat. Cheikh Saoud Ben Saqr Al-Qassimi a indiqué qu'il était venu en Algérie pour souligner “la poursuite de la coopération bilatérale”, en insistant sur la volonté de son pays à investir en Algérie. Partenaires historiques, Alger et Abou Dhabi ont des relations privilégiées tissées au fil des ans. De nombreux accords lient d'ailleurs les deux pays sur les plans économique, culturel, commercial et dans les domaines de la communication et du sport. Lors de la réunion de la 4e haute commission mixte algéro-émiratie ouverte en mai 2006 à la résidence Djenane El-Mithaq, en présence de la ministre émiratie de l'Economie, Cheikha Loubna Al-Kacimi, d'importants accords dans divers secteurs, notamment la construction, la pétrochimie, l'agro-industrie, le médicament et l'énergie, ont été ratifiés. Au plan économique, cette visite remet au goût du jour les projets colossaux d'investissement des grands groupes émiratis en Algérie. Après la phase de déclarations d'intention, ces projets sont en maturation depuis des mois. Pas moins de trente-trois milliards de dollars, tel est le montant que veulent investir en Algérie les groupes des EAU, que ce soit dans l'immobilier, les finances ou encore l'aluminium. En juillet 2006, le président d'Emaar, Mohammed Ben Ali Al-Abbar, avait présenté au président Bouteflika les maquettes de projets de restructuration urbaine d'Alger. Cinq grands chantiers pour changer la face de la capitale et en faire une véritable métropole. Coût de l'opération, 28 milliards de dollars à travers cinq grands projets, à savoir le développement de la baie d'Alger, la Cité de la santé d'Alger, la restructuration de la gare d'Agha, la Cité technologique de Sidi-Abdallah et le complexe touristique Colonel-Abbès. Depuis rumeurs et doutes avaient circulé sur la viabilité du projet, certains y voyant même les prémices d'un retrait de la proposition. Après une période de flottement qui a nécessité les clarifications du premier patron du groupe, Emaar a obtenu le feu vert d'Alger pour investir 28 milliards de dollars. Le Quotidien d'Oran avait fait état de l'éventuelle création d'une filiale commune entre Emaar et l'Etat algérien. Celle-ci serait détenue à égalité des parts. Selon les termes de l'accord intervenu entre les deux parties à l'issue de plusieurs mois de discussions, le gouvernement via la nouvelle filiale va garantir la gestion de tous les aspects liés au foncier tels que fournir les terrains nécessaires à la mise en place des nouveaux projets, mener d'éventuelles négociations avec les propriétaires des terrains, délivrer des certificats de propriété dans les délais et bien d'autres aspects encore. D'autant que les Emiratis sont réfractaires à la bureaucratie et aux lenteurs caractéristiques de l'administration. Par ailleurs, deux autres entreprises, Mubadala Development Company et Dubaï Aluminium (Dubal), ont annoncé leur intention d'investir 5 milliards de dollars pour la création d'un complexe de production d'aluminium en Algérie. L'accord a été signé en mars dernier avec un consortium national composé de Sonatrach et Sonelgaz. Les émiratis sont également présents dans le secteur bancaire et des télécommunications. Alger espère depuis des années drainer les investissements étrangers, émiratis en particulier. La performance économique des Emirats arabes unis en fait aujourd'hui le premier pourvoyeur d'IDE au monde. Il ne reste qu'à passer de l'intention à la réalisation. Il faudra attendre la fin de la visite du prince héritier de la fédération pour connaître la teneur réelle de sa visite en Algérie. Samar Smati