Lors du meeting populaire qu'il a animé hier à la salle OMS de Aïn Témouchent, où le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale s'est porté candidat tête de liste du FLN, Ahmed Ouyahia n'a pas fait dans la dentelle pour fustiger son rival Djamel Ould-Abbès qui utilise les moyens de l'Etat, et ce, sans le nommer en déclarant en substance : “On peut tous ramener des bus sans plaques d'immatriculation et sans papiers”, allusion faite aux multiples bus “Etadhamoune” affectés ces derniers jours par son ministère aux différentes associations satellites et qui sillonnent l'ensemble des communes de la wilaya pour cette campagne électorale. Aussi, en appelant l'assistance venue nombreuse à ce festival populaire à voter pour la liste de son parti, M. Ouyahia s'est même fait un plaisir à l'encontre du candidat du FLN en disant avec une note d'humour : “En tout cas, si nos candidats seront élus, ils resteront à Aïn Témouchent à l'écoute de la population mais pas à Alger.” Une telle déclaration a été suivie d'un tonnerre d'applaudissements. Abordant le volet de la réconciliation nationale, l'orateur s'est engagé à continuer de soutenir le programme du président de la République pour peu que celui-ci apporte ses fruits en termes de développement socioéconomique en venant à bout du chômage par exemple. À ce titre, M. Ouyahia révèle que le RND présente pas moins de 144 propositions pour, dira-t-il, “améliorer le programme du président de la République” qu'il soutient avec force convictions. Le secteur de l'agriculture a été marqué par des critiques acerbes adressées à la mouvance islamiste au niveau de la wilaya de Aïn Témouchent qui s'est opposée à la reconstitution du vignoble principalement à la viticulture, et ce, après sept années de soutien financier de l'Etat. “À l'époque où le produit des exportations de Aïn Témouchent représentait 10% des exportations globales du pays grâce à la viticulture, la population n'était-elle pas musulmane ?” s'interrogea le SG du RND. “On veut reconvertir le vignoble pour en faire de l'olivier et réduire 2 000 familles au dénuement. Est-ce la bonne solution ?” En réponse aux préoccupations des fellahs qui sont endettés, le conférencier écarte la possibilité de les éponger qui, selon lui, reste de la pure démagogie de certains chefs de parti, mais préconise une autre solution, celle de rééchelonner leur dette sur plusieurs années mais sans toucher au taux d'intérêt. En termes d'investissement, M. Ouyahia déplore tout ce va-et-vient des délégations vers le littoral vierge témouchentois, mais sans résultat en raison, dira-t-il, de l'absence de mesures incitatives comme la concession de terrains gratuitement et l'exonération ou la réduction des impôts. Le chômage n'a pas été en reste lors de ce meeting, dont l'assistance était composée en majorité de jeunes. L'orateur a critiqué le comportement des banques qui ne suivent pas la politique de l'Etat en direction des jeunes chômeurs. “Après avoir exigé des locaux — l'Etat a trouvé la solution avec cette opération d'envergure pour la réalisation de 1 200 locaux par commune —, les banques font dans le harcèlement en direction de ceux qui ont trouvé des difficultés à rembourser leurs dettes et dire qu'un fonds de garantie des crédits bancaires existe et est alimenté par 30 milliards de DA. La réussite bancaire, c'est celle de l'investissement”. Au sujet des augmentations de salaires, là aussi, le premier responsable ne s'est pas gêné pour afficher une opposition qualifiée de démagogique. Par contre, il plaide pour un soutien au loyer, un allégement de la TVA sur les produits de large consommation et une bourse pour les enfants scolarisés au profit des familles démunies à raison de 500 DA/mois et par élève. “C'est en tout une enveloppe de l'ordre de 18 milliards de DA/an sachant que la dépense du secteur de l'éducation est de l'ordre de 300 milliards de DA. C'est beau de réaliser des écoles, mais il faut encore assurer la scolarisation des enfants des familles démunies, un droit garanti par la Constitution”. M. Laradj