Le RND, le FFS, le FNA, le MSP et le RCD lui reprochent d'utiliser l'argent du contribuable à des fins électorales. Djamel Ould Abbès semble abandonner la solidarité sociale pour se reconvertir à la solidarité politique. C'est du moins la conclusion que tirent certains partis politiques, après que le ministre de la Solidarité nationale eut octroyé, ce jeudi à Kouba, 100 fauteuils roulants au profit des personnes handicapées et un bus à l'équipe du WRK (Wifaq Riadhi de Kouba). Le président du WRK n'est autre qu'un candidat sur la liste du FLN. Jusque là, les choses paraissent plus ou moins ordinaires. Elles peuvent même être inscrites sur la liste des devoirs du secteur de la solidarité. Mais, la face cachée de l'iceberg a commencé à livrer ses secrets, lorsqu'on a appris que la «livraison» du ministre a été promise, le 17 novembre, par un candidat du FLN, lors d'un meeting animé dans cette commune. Une question se pose alors: Comment peut-on utiliser la détresse des citoyens pour faire la campagne électorale? Voilà une action que la morale et l'éthique politique reprouvent. Cinq partis politiques en lice pour les élections locales du 29 novembre prochain, sortent de leurs réserves et dénoncent cet acte jugé d'«irresponsable et illégal». Il s'agit du FFS, du FNA, du MSP du RND et du RCD. Dans un communiqué signé conjointement, ces partis tirent, d'ores et déjà, la sonnette d'alarme sur les répercussions négatives que ce genre d'agissement puisse avoir sur le bon déroulement des prochaines joutes électorales. Ils appréhendent même un taux d'abstention des plus élevés. Certains vont plus loin, et estiment que la fraude électorale a bel et bien commencé. Et le La n'est donné que par un ministre de la République! Ainsi, selon toute vraisemblance, le ministre de de la Solidarité nationale préfère jouer sur la corde sentimentale des citoyens. Dans ce cas précis, d'aucuns s'interrogent sur la crédibilité des actions de «bienfaisance» entamées par le département de la Solidarité nationale, et son caractère innocent et dénué de toute velléité électorale. L'action de M.Ould Abbès, devient encore plus préoccupante lorsqu'on apprend que ce ministre a fait ce geste, non pas pour inciter les citoyens «à aller massivement aux urnes», mais plutôt pour les inciter à choisir un parti au détriment des autres. Pire encore, selon les partis politiques signataires du communiqué parvenu à notre rédaction, le ministre de la Solidarité nationale aurait promis monts et merveilles à tous ceux qui soutiennent les listes des candidats confectionnées par le Front de libération nationale, sur le territoire national. Entre autres promesse, «un cheque à blanc» qui sera remis aux «sympathisants du FLN» au lendemain des élections locales. Joint hier par téléphone, pour d'éventuelles explications sur ce sujet, Djamel Ould Abbès réfute les reproches qu'on lui fait. «L'opération de l'octroi de bus scolaire, tout comme les aides consacrées aux équipes sportives, se poursuivra durant toute l'année» affirme le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Se voulant plus convaincant, M.Ould Abbès revient sur le bilan chiffré réalisé par son secteur, durant les trois dernières années. «En trois ans, nous avons aidé 105 clubs sportifs, nous avons octroyé 2 630 bus scolaires. Sans compter les aides que nous avons fournies aux handicapés moteurs et mentaux». S'appuyant sur ces données, le ministre de la Solidarité nationale soutient que son opération «n'a rien à voir avec la campagne électorale», avant de lâcher tout crûment: «Ceux qui sont contre la poursuite de ce genre d'initiatives, qu'ils le disent!». Toutefois, une question s'impose d'elle-même: Pourquoi l'aide apportée par le département de la Solidarité, à l'équipe du WRK de Kouba, intervient à seulement une semaine d'intervalle après la promesse faite par les candidats FLN, lors d'un meeting animé dans cette commune? Pourquoi Djamel Ould Abbès n'a-t-il pas attendu la fin de la campagne électorale pour poursuivre les opérations de «bienfaisance» que son département a entamé depuis quelques années? Ce sont, en effet, autant de questions que les observateurs de la scène politique nationale ne cessent de soulever.