Hier, à 5h30 du matin, une patrouille des gardes frontières de Boukanoun, à Tlemcen, a intercepté un individu suspect qui a pénétré clandestinement sur le territoire national. Les tirs de sommation des hommes en uniforme ont fait fuir cet individu qui, refusant d'obtempérer aux injonctions des gendarmes, a préféré fuir et retourner derrière la ligne de démarcation séparant les deux frontières. L'homme abandonnera dans sa fuite un cabas, récupéré par les GGF qui y découvriront un véritable butin de guerre. En effet, ce sont pas moins de 800 détonateurs et 400 mètres de cordons détonants qui constitueront une prise non négligeable dans la guerre que livrent les services de sécurité aux réseaux de contrebande et de trafic de drogue sévissant dans la région. Cette saisie, loin d'être une première du genre, renseigne sur l'étendue du mal et met à nu l'interconnexion avérée entre les milieux terroristes et la toute puissante pieuvre qui contrôle la totalité de la bande frontalière. Pour ceux qui connaissent la complexité du réseau de la contrebande, à partir du sol chérifien et de ses ramifications dans l'administration marocaine, le convoyage de n'importe quel produit, drogue, carburant, effets vestimentaires et produits alimentaires, armes et explosifs, ne peut se faire sans la bénédiction et la surveillance de tous les puissants barons de la contrebande. Cette prise “accidentelle” ne serait que le haut du panier car la perméabilité, même relative de nos frontières ouest, n'est un secret pour personne, et l'alimentation des maquis terroristes algériens en armes et explosifs se trouve ainsi renforcée. Le Maroc, qui s'est toujours défendu d'offrir une base arrière aux terroristes algériens, est de nouveau sous les projecteurs, et l'implication des hommes d'al-Qaïda activant au royaume de Mohammed VI dans les tourmentes algériennes ne font plus de doute. L'approvisionnement des groupes armés salafistes se fait directement à partir du Maroc, et la derrière prise notable des services de sécurité algériens en est une preuve supplémentaire. En mars dernier, 108 mines antipersonnel, 480 détonateurs et 500 mètres de cordons détonants ont été découverts dans une cargaison de boîtes de thon en provenance du Maroc. En 1999, plusieurs terroristes, après un accrochage avec les forces de sécurité à Béni Ounif, dans la wilaya de Béchar, ont trouvé refuge au Maroc après avoir traversé la frontière sud-ouest du pays. La complicité même passive des M'khaznia, qui ont la réputation de laisser faire, n'est plus à démonter et rien, pourtant, ne peut se faire sans leur consentement. Cette facilité déconcertante que rencontrent les trafiquants en tous genres a de quoi inquiéter, connaissant la difficulté majeure d'émailler tout le tracé frontalier. Il est dans l'urgence de doter la région d'un réseau de surveillance électronique à même de réduire les risques d'infiltration sur le territoire national et d'éviter de nouveaux plasticages et autres attentats à la voiture piégée, véritable marque déposée des organisations affidées à al-Qaïda. SAID OUSSAD