Une offensive antiterroriste a accompagné la campagne pour les élections législatives. Elle fait suite à une recrudescence du terrorisme qui a culminé avec les attentats du 11 avril. Ses bilans imposants sont presque quotidiens. L'internationalisation de l'organisation terroriste n'a pas touché à son seul sigle, mais a aussi porté sur son effectif, puisque la présence d'éléments tunisiens et libyens a été constatée. Pendant que l'Algérie n'avait de foi qu'en la réconciliation nationale, la remise sur le marché du terrorisme de plus de deux mille “repentis” et le racket systématique dans certaines régions ont probablement permis à l'organisation salafiste de se revigorer, aux plans humain et matériel. Et les passerelles jetées vers les réseaux d'al-Qaïda ont dû faire le reste. De ce point de vue, les résultats récents de la lutte antiterroriste, s'ils témoignent d'une véritable relance de l'activité sécuritaire, révèlent aussi un puissant potentiel de nuisance accumulé par le GSPC. Les circonstances de la vie publique nationale ont fait que cette campagne sécuritaire correspond à une campagne électorale. L'on pourra observer que les principaux acteurs politiques ont ainsi été mis dans l'obligation de prendre position sur la manière de régler le problème sécuritaire. Dans la course aux voix, une certaine décantation a dû s'opérer parmi les concurrents les plus en vue. Les autres ne se sentent pas obligés de se prononcer et font dans la réconciliation par omission. Ainsi, les réconciliateurs de conviction s'invitent à la table des terroristes élargis ; les islamistes de programme demandent à ce que les femmes puissent poser en hidjab pour les photos d'identité ; d'autres rendent hommage aux forces de sécurité et invitent à leurs meetings des chefs résistants qu'on avait poussés dans les oubliettes au temps où il ne devait y avoir de bons mots que pour la réconciliation ; certains font les deux en se payant la compagnie d'un chef Patriote en Algérie et la candidature de l'imam de la fameuse mosquée de la rue Mira à Paris… Comme il faut de tout pour faire un monde, il faut de tout pour faire une campagne électorale. Sauf que ce tout ne durera que le temps d'une animation politique visant à rameuter le maximum de citoyens vers les caméras de l'ENTV qui, le 17 mai prochain, “sillonneront”, selon l'expression consacrée, les bureaux de vote à travers le territoire national. Après, selon la vision qui sera maintenue ou portée au pouvoir, le discours uniforme sévira à nouveau et une classe politique réconciliée se chargera de nous le distiller, unique et consensuel. Très probablement, la réconciliation nationale reprendra ses droits dans le discours national et les chefs Patriotes qui n'auront pas été admis à l'hémicycle s'en retourneront à leurs campagnes isolées ou à leurs quartiers oubliés, en attendant la prochaine échéance. Pour ce qu'elle apporte de démocratie, la campagne électorale fait bien de se terminer. La campagne permanente pour la réconciliation nationale, elle, n'a pas encore apporté cette paix qui, décidément, est toujours à venir. Mais on aura tout de même vérifié que, pour ce qu'elle apporte à notre sécurité, la campagne de lutte antiterroriste devrait, par contre, se prolonger. M. H. [email protected]