Ce sont tous des émirs du Gspc reconvertis au service d'Al Qaîda. Ils ont pour noms abdelmalek droudkel, Abbi Abd El Aziz alias Okkacha El para, Saâdoune Abdel Hamid alias Yahia alias Abou Al Haïthem et Djoudi Yahia, chef de la katibat Essouna. Qui a fait le coup d'Alger? Qui a fourni les explosifs? Qui a acheminé la logistique? Les trois bombes qui ont explosé à Alger ont-elles été fabriquées dans un atelier situé dans quelque quartier de la capitale? Autant de questions qui harcèlent les enquêteurs, à pied d'oeuvre depuis près de 48 heures. Pour essayer de reconstituer ce puzzle, nos investigations ont permis de cerner les contours de cette conspiration montée par Al Qaîda pour tenter d'écorner l'image de l'Algérie et de semer le doute parmi ses citoyens. Face à ce défi, c'est le branle-bas de combat dans les services de sécurité, tous corps confondus. Pourtant, au vu des mises en garde de la presse et d'experts en matière de lutte antiterroriste, les derniers attentats étaient prévisibles. Il y a quelques jours, les Américains avaient diffusé une note dans laquelle ils mettaient sérieusement en garde leurs ressortissants de se rendre en Algérie. Concernant un pays où il y a d'énormes intérêts, le département d'Etat américain a dû très certainement confirmer la crédibilité des informations qui lui sont parvenues pour adopter une démarche pareille. Ont-ils alerté les autorités algériennes? Leur réaction après les deux attentats kamikazes du Palais du gouvernement et de Bab Ezzouar pourrait susciter plusieurs lectures, car, de l'avis d'une source autorisée, «il est remarquable que Washington propose à l'Algérie son aide pour l'identification des responsables des attentats aussi promptement». Les trois portraits des auteurs ont été diffusés rien que pour frapper les imaginations: «Un message en quelque sorte pour dire qu'il y a des Algériens qui seraient prêts à mourir pour Al Qaîda», selon la même source. Une première depuis l'avènement du terrorisme en Algérie. Dix jours avant le début de la campagne électorale, Al Qaîda a défié les autorités en frappant dans des lieux stratégiques, le message est clair: «Prouver à l'opinion publique nationale et internationale que, désormais, rien ne les arrête et pousser, pourquoi pas, les autorités, la Défense et l'Intérieur, en particulier, à opter pour des mesures restrictives», a ajouté la même source. A un mois des élections législatives, frapper le Palais du gouvernement qui abrite le ministère de l'Intérieur, est symbolique. Devant une classe politique tétanisée, Al Qaîda «promet» un printemps sanglant aux Algériens, à l'aide de «kamikazes, véhiculés et ceinturés» d'explosifs, ont confié des sources sécuritaires, engagées dans la lutte antiterroriste. Dans ce contexte, la prestation de service formulée par les Américains, pourrait, selon l'avis des mêmes sources, «aller au-delà de l'identification» des responsables du massacre, d'autant plus qu'il est question du Sahel, de l'extrême Sud algérien jusqu'aux confins du Sahara occidental et du Maroc. Les mêmes sources, se basant sur des renseignements, non encore exploités donc, ne pouvant être dévoilés, confient que les attentats de mercredi n'étaient que la partie visible d'un cauchemar qui va de l'Irak jusqu'au Maroc. Sur la piste de la lutte antiterroriste aux frontières algéro-marocaines, les services de sécurité algériens avaient établi, avec certitude, une dangereuse alliance entre le Gspc, El Hidjra oua Takfir et Salafia djihadia marocaine, proche de l'organisation d'Al Adl Oual Ihcen Maghreb depuis 2003. Une connexion avérée avec le Maroc C'est une délégation de terroristes algériens composée de Abbi Abd El Aziz alias Okkacha El Para, Saâdoune Abdel Hamid alias Yahia alias Abou Al Haïthem (proche collaborateur de Hattab avant le retrait de ce dernier) et de Djoudi Yahia, chef de katibat Essouna, basée essentiellement à Sidi bel Abbès, Tiaret et Saïda, qui s'était déplacée au Maroc via Maghnia à l'extrême Nord-Ouest algérien. La rencontre s'était tenue à huis clos, les services de sécurité sont parvenus, à la suite des révélations d'un terroriste capturé à l'Ouest ayant servi d'éclaireur, qu'il s'agissait d'une coordination entre les émirs algériens et les chefs terroristes marocains. Il était question d'appui au terrorisme en Algérie en matière d'armement, de munitions, de logistique et d'aménagement de caches communes des deux côtés. Dans la collecte d'informations, une collaboration interservices algéro-marocaine font établir, même si rien ne sera révélé sur la nature de ces accords, que cette connexion était à l'initiative d'Al Qaîda pour l'installation d'une base dans le Maghreb. Des sources sécuritaires chargées de la lutte antisubversive extérieure ont souligné que dans leurs recherches, l'alliance établie au profit d'Al Qaîda ne date pas d'hier. Elle avait pris forme et vie, après que les Afghans arabes aient été chassés par les Bosniaques. Ils (Afghans) s'installeront en Algérie via le Maroc. Mais ce que les autorités marocaines ont négligé, c'est que la moitié de ces Afghans dont on ne connaît pas le nombre exact ayant servi sous la coupe d'Oussama Ben Laden, se sont terrés sur leur territoire et ont tissé une toile mortelle. Ils sont à Tanger et à Oujda, leurs principaux fiefs, selon les renseignements en possession des services de sécurité algériens, se trouvent à Fès et Meknès, Casba Tadla et Béni Mellel, ainsi qu'à Djebel Ouakziz au sud-Est marocain, limitrophe de Hammada et Tindouf, d'où transitent les mercenaires du sinistre Mokhtar Ben Mokhtar, l'élu d'Al Qaîda qui contrôle le Grand Sud algérien. C'est le retour de manivelle, comme en Algérie, la même bête s'est dangereusement développée sous les yeux du Royaume, pour permettre à Oussama Ben Laden d'avoir la mainmise sur l'organisation terroriste la plus structurée en Algérie, le Gspc. Un alibi pour s'introduire et s'installer. Pour arriver à ses fins, Ben Laden a pris le soin de porter aide et appui qui se conjuguent au soutien des Rifains et les habitants des quartiers pauvres des grandes villes telles que Casablanca et Rabat. En d'autres termes, le Gspc était l'élément qui allait permettre à Al Qaîda de préparer des attentats en Algérie. En se rendant avec armes et bagages, en faisant allégeance à Al Qaîda, le Gspc a étalé au grand jour, ses intentions antinationales, dans un fracas médiatique démesuré et au moment où il a perdu tous ses repères stratégiques, idéologiques et politiques. Son désir est de servir une organisation aussi sanguinaire qui s'adonne au trafic d'armes et de drogue. La psychose de l'ennemi invisible Dans l'une de nos éditions datant du 29 janvier 2007, des sources sécuritaires nous avaient confié, en exclusivité, les objectifs secrets du nouveau couple Gspc-Al Qaîda. Les mêmes sources nous confient que selon les renseignements en leur possession, Al Qaîda, par le biais d'un contrebandier, Mokhtar Ben Mokhtar, qui s'est engagé dans le recrutement de mercenaires étrangers (marocains mauritaniens, nigériens et libyens), entraîne des recrues, non pas sur le sol algérien mais au Mali pour d'autres attentats. C'est la capitale et ses environs qui constituent les premières cibles des criminels affiliés à Al Qaîda. Mais, selon les mêmes sources, ils peuvent frapper dans n'importe quelle ville du pays, notamment les grandes villes. Se refusant à'admettre qu'elle ne réussira pas, vu que toutes les tentatives de déstabilisation de l'Algérie ont échoué, Al Qaîda tente, par cette stratégie, de démontrer sa capacité de nuisance. Ce renseignement (relatif aux attentats que compte perpétrer Al Qaîda) a été dévoilé, il y a trois mois presque, par un terroriste capturé par l'ANP à Djebel Bouarif dans les Aurès. Selon ses révélations, outre les kamikazes, véhicules piégés, bombes actionnées à partir de téléphone portable, c'est au tour du port de ceintures bourrées d'explosifs, qui devront être portées par des suicidaires. Ce sont les institutions militaires et les symboles de l'Etat qu'Al Qaîda prévoit d'attaquer. Les attaques seront perpétrées sur tout le territoire. C'est Abd El Malek Droukdel, émir du Gspc (Al Qaîda-Maghreb) qui a été chargé de superviser les opérations. C'est ce qui explique les campagnes de sensibilisation des différents commandements de l'ANP et l'intensification des opérations de ratissage au niveau des zones 2, 6 et 9, selon la cartographie terroriste. Et pourtant, Al Qaîda a réussi à frapper dans la capitale. Est-ce pour desserrer l'étau autour des groupes armés et les plus redoutables, de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira? Possible! ont apprécié nos sources. La réaction de Hassan Hattab est plus que significative lorsqu'il a affirmé que les auteurs des attentats ont reçu leurs ordres de l'étranger. «Un clin d'oeil» en direction de son désormais ennemi Droukdel. L'étranger, selon nos sources, ce sont aussi les organisations internationales non gouvernementales et des cercles de la mafia politico-financière de nations puissantes. Selon nos sources, les attentats de mercredi visent à obliger les autorités à instaurer la loi martiale, imposer le couvre-feu, du moins dans certaines régions, et opter pour une politique sécuritaire musclée, comme pour faire intervenir des forces spéciales dans des zones urbaines. Le but d'Al Qaîda, ont souligné les mêmes sources, est de séparer la population du pouvoir et pourquoi pas l'affrontement. Autre fait très significatif. Entre les attentats de Casablanca et d'Alger, il existe un lien. Selon un avis autorisé, les attentats auraient été programmés pour être déclenchés simultanément. Mais quelque chose a dû ne pas fonctionner. Même ce fait n'est pas banal. Tout a été bien étudié dans le moindre détail jusqu'au choix des kamikazes. A ce propos, nos sources confient que «les recrues-victimes» sont essentiellement issues d'une couche sociale modeste, elles sont repérées au niveau de certaines mosquées. Elles sont âgées de 16 à 25 ans, le nombre de ces recrues n'est pas encore connu, mais il n'est pas à négliger, car même un seul kamikaze est une grande menace. Sur le plan mental et physique, elles sont vulnérables et très sensibles à la religion et donc faciles à manipuler. C'est le profil idéal recherché par les serviteurs d'Al Qaîda. Profitant de leur faiblesse et sensibilité, les recrues subissent des tests psychotechniques, les méthodes d'endoctrinement sont sataniques. Les recrues deviennent, après un apprentissage et un véritable lavage de cerveau, des bombes ambulantes prêtes à exploser. La menace, a-t-on souligné, est de taille, elle est aux portes même de l'Europe. La France pourrait être la prochaine cible. L'organisation compte près de 5000 islamistes aux tendances salafistes, selon un décompte de la DST. A souligner que tous les services de sécurité dans le pays sont en alerte rouge.