Dans sa première allocution, le nouveau président de la République française a mis l'accent sur une ouverture en direction de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy a été officiellement investi hier président de la République française, lors d'une cérémonie au palais de l'Elysée, à Paris, où il succède à Jacques Chirac pour un mandat de cinq ans. La passation des pouvoirs entre le président élu et le sortant s'est contentée du strict protocole. C'est que les relations entre les deux hommes n'ont jamais été sereines, malgré leur assurance de n'avoir entre eux ni rancune ni haine. Lors de la campagne présidentielle, Chirac devait apporter, sans enthousiasme, son soutien à son successeur, allant jusqu'à le mettre en garde, par insinuation, sur ses reniements annoncés autant au plan du consensus sociétal français que de la politique étrangère de la France, assez éloignée, tout de même, de l'Atlantisme exigé par les Etats-Unis. C'est Chirac qui a mis sur orbite Sarkozy en lui offrant, en 1975 à Nice, son premier discours politique, pour, ensuite, lui mettre le pied à l'étrier chiraquien, en lui donnant, à 28 ans, Neuilly, la ville cossue de la banlieue parisienne. Mais, l'élève a dépassé le maître à qui il a arraché l'UMP, pour en faire sa propre machine de guerre vers l'Elysée. Et pour franchir les obstacles, il commence à se montrer ingrat envers son sponsor avec la trahison du soutien à Edouard Balladur, l'ancien Premier ministre de droite, qui s'était présenté en 1995 à la présidentielle en même temps que Chirac. Ce dernier, qui ne pouvait plus grand-chose contre le marathon de Sarkozy, se contente de dire qu'il est “très ambitieux”, et comme il est “très intelligent”, il considère que “tout doit être mis au service de ses objectifs”. C'est tout dit. Et, au fur et à mesure que Sarkozy avançait vers l'Elysée, Chirac voyait fondre comme neige au soleil sa chiraquie. C'est la bousculade chez son successeur. Tant et si bien que la formation du nouveau gouvernement est un casse-tête pour le nouvel occupant de l'Elysée, qui doit arbitrer entre ses propres desseins et les obligations contractées pour son succès. Aujourd'hui, il devra annoncer le nom du nouveau Premier ministre, qui devrait être François Fillon, et vendredi, la liste du gouvernement. Sarkozy doit également s'attaquer en priorité aux législatives dont le premier tour est annoncé pour le 10 juin. La prime du gagnant peut jouer mais il sait que ce n'est pas acquis, d'autant plus que les Français sont devenus spécialistes en cohabitation politique. Sauf que l'UMP a en face d'elle un parti socialiste en pleine crise de leadership. Prenant ses fonctions, le nouveau président français a affirmé avoir l'exigence de rassembler les Français, affichant sa volonté de rompre avec les comportements du passé. Sarkozy, accusé par ses détracteurs de mettre le feu dans les banlieues, d'approfondir la précarité et de protéger le CAC 40, s'est montré dans son premier discours de chef de l'Etat plutôt réconciliateur en faisant appel aux bonnes volontés de ceux qui aiment leur pays et auxquelles il a assuré qu'il ne leur demanderait pas de renier leurs convictions, de trahir leurs amitiés et d'oublier leur histoire. Sarkozy a, par ailleurs, entrepris de former un gouvernement d'ouverture à gauche et au centre. Par contre, il a martelé l'exigence d'ordre réclamée, selon lui, par les Français. À l'intention de son électorat d'extrême droite, le successeur de Jacques Chirac a réitéré sa détermination de défendre l'identité de la France. “Parce que la France a une identité”, a encore assuré Sarkozy, qui a l'intention de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. D. Bouatta