Le déplacement de Nicolas Sarkozy à Alger et à Tunis, demain et après-demain, est la première visite qu'effectue le chef de l'Etat français à l'étranger. L'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Elysée a suscité des controverses. En France et ailleurs, chaque pays a apprécié, diversement, l'élection de Sarkozy comme président de la République française. L'Europe a été partagée entre enthousiasme et résignation. L'Afrique entre prudence et satisfaction. Les Arabes entre crainte et allégresse. Mais, en succédant à Jacques Chirac, cela a été perçu comme un événement majeur. Les orientations diplomatiques de Sarkozy sont jugées intéressantes. Jusque-là, les Français, au même titre d'ailleurs que les partenaires de la France, sont soulagés quant à la nouvelle politique de l'Elysée. Il promet un nouvel avenir à la France. Il a apporté avec lui un espoir et un nouveau souffle à son pays. Depuis le début de sa campagne électorale, il n'a pas cessé de promettre «de replacer la France parmi les pays les plus puissants au monde». Il a promis que «la République retrouve ses valeurs». Il voulait construire «une France unie, stable, forte» de son autorité, de ses efforts, de son mérite. Ces paroles ne sont pas que des promesses. Les actes sont là. En France d'abord. M.Sarkozy a commencé à «étonner», tout le monde par son «ouverture». Pour constituer son gouvernement, il a fait appel aux différents courants politiques français. Contre toute attente, il a nommé l'une des figures emblématiques du Parti socialiste, Bernard Kouchner, en l'occurrence, à la tête de la diplomatie française. Dans ce même contexte, M.Sarkozy apporte son appui à la candidature de l'ancien ministre socialiste de l'Economie et des Finances, Dominique Strauss-Kahn pour la direction du FMI, vacante après la démission de l'Espagnol Rodrigo Rato. En fait, il veut «que Dominique Strauss-Kahn soit le candidat de la France à la direction générale du FMI, parce qu'il m'a paru être le plus apte pour ce poste», a t-il souligné dans une déclaration publiée dans Le Monde. Le président de la République n'a pas tari d'éloges sur l'ancien ministre socialiste des Finances. D'après lui, Dominique Strauss-Kahn «possède les ´´qualités´´ requises pour diriger le Fonds monétaire international». Après avoir nommé six personnalités de la gauche dans son gouvernement, Sarkozy ne pense pas s'arrêter là. Il a proposé également, à Jack Lang, ancien ministre socialiste de la Culture, de rejoindre la commission chargée de faire des propositions de réforme des institutions. Le locataire de l'Elysée estime qu'il faut chercher la compétence là où elle se trouve, affirmant «au nom de quoi devrais-je me priver?» de la réflexion de Jack Lang, un agrégé en droit public. Ce n'est pas tout. Sarkozy est allé loin dans son «ouverture», au point de nommer, dans son gouvernement, des personnalités politiques issues de l'immigration. La nomination de Rachida Dati, d'origine maghrébine, au poste de ministre de la Justice, ainsi que celle de Fadéla Amara, d'origine algérienne, au poste de secrétaire d'Etat auprès du ministère du Logement chargée de la politique de la ville, illustrent bien la nouvelle politique de la France. Sur le plan international, Sarkozy s'est démarqué de la politique menée par Chirac et de ses gouvernements, tout en gardant les acquis politiques de la France envers les pays arabes. Nicolas Sarkozy a apporté un soutien fort au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il a affiché sa volonté de marquer une rupture avec la politique antérieure de l'Elysée. Il a tablé sur une véritable réorientation de la politique étrangère. Ainsi, les partenaires traditionnels de la France, à l'image de l'Algérie, seront les premiers bénéficiaires de cette stabilité politique de la France. Ce qui est des relations algéro-françaises, au moins six points pourraient/ou devraient être au sommet de la politique entre les deux pays. Il s'agit de sujets ayant trait à la question controversée du fameux traité d'amitié, à la circulation des personnes, la lutte contre l'immigration clandestine, la lutte antiterroriste, la coopération économique, énergétique, notamment son volet nucléaire, et à l'Union méditerranéenne, projet prôné par Nicolas Sarkozy. Ces sujets devraient être débattus, demain, entre Abdelaziz Bouteflika et Nicolas Sarkozy, à l'occasion de la visite de ce dernier le 10 et le 11 juillet, respectivement à Alger et Tunis. Même si le but de cette visite consiste, outre une première prise de contact directe, il se veut aussi être celui d'une concertation avec les partenaires maghrébins de la France pour la concrétisation de l'Union méditerranéenne. Aussi, gageons que les deux chefs d'Etat vont aborder de front les points cités en référence. A noter également, que les deux présidents qui entretiennent des relations très personnalisées, ont souhaité booster les relations entre Alger et Paris. Lors de sa visite, en novembre à Alger, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait proposé bon nombre de points à débattre, notamment sur le volet économique ainsi que la suppression de l'autorisation préalable des pays européens de l'espace Schengen pour la délivrance de visas aux ressortissants algériens. Pour conclure, favoriser les relations d'Etat à Etat semble être la base de la politique extérieure de l'Elysée, version Nicolas Sarkozy.