Plus de 20 000 éléments, entre policiers gendarmes et gardes communaux ont été déployés sur le terrain. La capitale, en ce début de matinée de jeudi nous renvoie, pour les nostalgiques, l'image des années 1970. Les principales artères sont quasiment désertes et les véhicules rares. Quelques lève-tôt font des emplettes bien que beaucoup de magasins aient gardé le rideau baissé. Pour la majorité, c'est plutôt la grasse matinée. Alger, jour de vote. Il n'y a rien d'étonnant quand on sait que dans les traditions électorales, les Algérois ne sont pas très enthousiastes, chiffres à l'appui. En revanche, les législatives 2007 ont été marquées par un fait inhabituel, à savoir la mise en place d'un dispositif sécuritaire sans aucune défaillance. Même durant les années de braise, la capitale et ses environs n'avaient pas connu une aussi haute sécurité. Réfléchi et soigneusement installé depuis quelques jours, le dispositif a été rendu efficace grâce à la coordination des corps de sécurité intervenant (gendarmerie, police et garde communale) agissant dans une totale discrétion, exception faite des barrages fixes au niveau des carrefours stratégiques où convergent les liaisons interwilayas. Il faut dire que les actes terroristes qui ont secoué, le 11 avril dernier, le centre de la capitale et un quartier de sa périphérie ont, selon un responsable de la sécurité, donné matière à réflexion pour ne rien négliger. Pas le moindre détail dès lors que le terrorisme aveugle ne dort que d'un œil. Aux grands maux, les grands remèdes. De source proche des services de sécurité, on croit savoir que plus de 20 000 éléments entre policiers et gendarmes ainsi que des gardes communaux ont été mobilisés. Des groupes cynotechniques et des détecteurs d'explosifs ont également été mis à contribution dans ce dispositif que d'aucuns n'ont pas hésité à qualifier d'inédit en Algérie, en matière de lutte et de prévention d'actes terroristes. La Gendarmerie nationale a accédé à la demande de liberté d'accompagner ses éléments au cours des contrôles au niveau de plusieurs points relevant de sa compétence. De Zéralda à Rouiba, soit près de 60 km, tous les axes et les carrefours sont surveillés avec la même rigueur. Le commandant Zahi Aliout, chef de compagnie de Chéraga avec qui nous prenons place dans la Toyota, explique que toutes les issues menant de et vers le centre de la capitale sont systématiquement contrôlées. En passant devant la forêt de Bouchaoui en début d'après-midi, nous remarquons que des familles étaient déjà sur place pour profiter des bienfaits du plein air. Sur l'autoroute, la circulation devient plus dense, notamment en direction des plages de l'ouest d'Alger. Les maîtres-chiens au bord de la route attendant un éventuel signal pour intervenir. Pour le commandant Aliout, tout véhicule suspect est automatiquement fouillé. S'agissant des centres de vote, la méthode est plus discrète. Pour repérer un intrus, rien de plus efficace que de faire appel à un citoyen de la commune ou du quartier capable d'un coup d'œil de remarquer une présence étrangère et donc suspecte. À Staouéli, Palm-Beach, la Bridja, Zéralda, c'est le même topo. Les instructions ne diffèrent pas face aux tentacules du crime. Dans son bureau, où nous marquons une pause-café, le commandant de compagnie de Zéralda confie que la prise de conscience des citoyens commence à se manifester de manière concrète. Par ailleurs, on compte au sein de la circonscription administrative une soixantaine de barrages intermittents assurés par 18 patrouilles. Durant les derniers jours qui ont précédé les élections, 11 personnes, des insoumis, ont été arrêtées. un voleur ayant à son actif plusieurs larcins a été également arrêté, dimanche dernier. Le mis en cause, M. A. 29 ans, écumait le quartier El-Kerrouche (Reghaïa) en cambriolant des maisons dont les propriétaires étaient absents. Présenté devant le procureur de la république, le 15 mai dernier, il a été écroué pour 9 affaires de vol. Pour le capitaine Zerad, le dispositif combiné entre la police et la gendarmerie a donné des résultats probants en matière de lutte contre le crime sous toutes ses formes. “Toutes les issues principales et secondaires sont contrôlées rigoureusement”, a-t-il affirmé. Des désagréments engendrés par les embouteillages, il répondra que la majorité des automobilistes salue les contrôles de routine. “Devant la sécurité, le temps n'a pas d'importance”, disent-ils. ALI FARÈS