À l'instar des autres régions du pays, la wilaya d'Oran a connu la défection des électeurs. “C'est une vraie catastrophe. Nous n'avons peut-être pas été sur la même longueur d'onde que le citoyen. Nous cueillons à présent les fruits amers de notre échec électoral.” Cette phrase sentencieuse, qui émane d'un candidat à la députation, résume à elle seule toute l'étendue du marasme des sélections législatives dans la wilaya d'Oran. Dans l'immense salle du Palais des expositions à M'dina J'dida, transformé exceptionnellement en QG de consolidation, les représentants des candidats et des partis politiques en lice guettent le moindre signe de la “reprise”. Un signe qui ne vient pas en dépit de l'heure très tardive de la nuit. A. K., candidat à la députation du parti du Rassemblement algérien (RA) parle, lui, d'un “boycott qui risque de faire tache d'huile dans l'histoire de l'Algérie post-indépendante”. Un autre candidat à l'APN, représentant la liste du Front national des indépendants pour la concorde (FNIC), reste perplexe : “le citoyen algérien a plus besoin de pain, de travail, de logement et de bien-être que de discours oiseux distillés par des responsables politiques à longueur d'année. Cette abstention massive doit nous rappeler à l'ordre et réfléchir sur un autre discours de proximité, pas de promesses.” Même son de cloche auprès de représentants de candidats à la députation qui ne cachaient pas leur désarroi. L. A. du Parti du renouveau algérien (PRA) et B. F. du Mouvement de l'entente nationale (MEN) lancent un appel pour l'élaboration d'une nouvelle “carte politique où les petites formations politiques auront leur place aux côtés des grands partis”, clament-ils en guise d'appel. C'est aussi le branle-bas de combat chez les “mastodontes” du vieux parti du Front de libération nationale (FLN) qui tirent la sonnette d'alarme. “Cette déroute électorale est en partie causée par un mauvais dosage de candidats à la députation. l'électeur oranais s'abstient de voter car il croit dur comme fer que Amar Tou, tête de liste, ne le représente pas. Il faut dire les choses comme elles le sont”, s'indigne un vieux militant rencontré au niveau de l'autre QG de consolidation, installé dans la wilaya d'Oran. Même les irréductibles partisans du rassemblement national démocratique (RND) semblent mettre au compte du discours fastidieux et des promesses non tenues le fort taux d'abstention des électeurs. “Il faut adopter un profil bas et se poser des questions pertinentes sur la déroute électorale d'aujourd'hui. Sommes-nous assez attentifs aux attentes des citoyens ?” s'interrogent de jeunes candidats du parti d'Ahmed Ouyahia. Jusqu'à une heure très avancée de la nuit, le QG de la wilaya d'Oran donnait l'impression d'un véritable essaim d'abeilles. À l'intérieur, des représentants du Mouvement de la société pour la paix (MSP) s'agitent. Le représentant du tête de liste va aux nouvelles. Il accourt fébrilement à chaque comptage pour savoir le nombre de voix récoltées par le candidat MSP. Dans les coulisses de la wilaya d'Oran, d'autres représentants de candidats appartenant à de “petits partis”, se font plus discrets. “Nous n'avons pas promis des châteaux aux électeurs lesquels ont été roulés dans la farine. Nous n'avons pas cette prétention”, lancent-ils à la cantonade pour se démarquer d'un scrutin aux allures de calamité. K. REGUIEG-YSSAAD