La peinture algérienne a moins d'un siècle. Pourtant, elle a connu des moments très forts et offre un panorama à la fois riche et varié. Bien avant l'Indépendance, elle a été valorisée par des artistes remarquables de l'envergure de Nacer Eddine Dinet, Mohamed Racim, Mohamed Temmam, M'hamed Issiakhem et Mohamed Khadda, qui l'ont hissée à un niveau élevé. Des générations de peintres algériens ont tenté de donner naissance à une peinture typiquement algérienne. En 1985, le journaliste et écrivain Tahar Djaout écrivait que la peinture en Algérie est “la discipline artistique où s'opèrent le plus de changements heureux”. Il faisait référence, notamment à Issiakhem, Khadda et Benanteur et à leurs “dignes successeurs”. Les arts plastiques sont marqués par trois grandes tendances. La première, qualifiée de “peinture naïve”, se manifeste avec Hacène Benaboura et sera incarnée par Baya Mahieddine. Une seconde tendance, expressionniste, est dominée par la création élaborée de M'hamed Issiakhem : la souffrance des Algériens durant la colonisation française et les épreuves traversées par les pays du Tiers-Monde, en quête de liberté, seront autant de matières pour éveiller le climat agité de sa peinture. Quant à la troisième tendance, incarnée en particulier par les Khadda, Benanteur, Guermaz, Aksouh et Mohamed Louail, elle ouvrira la voie à l'abstraction ou la peinture non figurative. Selon les critiques, c'est avec la génération des peintres des années 1950 qu'apparaît la peinture algérienne moderne. Les générations suivantes contribueront à l'enrichissement du langage artistique en introduisant de nouveaux signes et de nouveaux matériaux : poudre, goudron, peaux, végétaux, plastique, bois, carton… On retiendra, cependant, que les années 1990 verront l'explosion des techniques des individualités, le recours à la graphie de la Lettre et du Signe qui se poursuivent à ce jour. Dans la nouvelle génération de peintres, citons Layachi Hamidouche, Abderrahmane Ould Mohand, Zouini, Boudjema, Kouidri… Depuis l'Indépendance, l'Algérie s'affirme comme un foyer vivant de la création artistique. Même pendant les années de violence terroriste où des intellectuels et des artistes étaient les cibles des islamistes, les arts plastiques n'ont cessé d'être le miroir de l'âme algérienne, mais également le témoin de l'histoire, en s'opposant contre le fanatisme et l'impuissante infécondité. L'Algérie restera toujours une source infinie d'inspiration pour nos peintres. Et pour paraphraser le peintre Mohamed Khadda, il faut reconnaître que “ la revalorisation de notre culture, l'ancrage dans le terreau national sont et resteront (…) des thèmes permanents, lancinants chez tout intellectuel et artiste algérien”. H. A.