Quoiqu'il soit de la même génération et du même courant artistique que Mohamed Racim, Mohamed Temmam, a qui le Musée national des beaux arts rendra un hommage posthume, demeure méconnu. Ce rendez-vous qui s'ouvre dimanche prochain, et qui se poursuivra durant deux mois, entre dans le cadre de la série d'hommages que cette institution culturelle a entamé il y a quelques mois, notamment avec l'artiste Baya, à la faveur des manifestations “Alger capitale de la culture arabe ”. Le public découvrira tout au long de cette exposition, qui regroupera pas moins de 80 œuvres du plasticien, le riche parcours de l'artiste Mohamed Temmam né le 23 février 1915 à la Casbah. Un artiste comme le fut son aîné Mohamed Racim, qui a été un des premiers à introduire à travers l'enluminure l'art oriental. Mohamed Temmam qui est relativement méconnu a excellé durant toute sa carrière artistique aussi bien dans les modes d'expression traditionnels, notamment la miniature et l'enluminure, que la peinture de chevalet qu'il pratiquait en tant que portraitiste ou paysagiste. En plus de la chose plastique, Mohamed Temmam maîtrisait parfaitement le violent de par sa formation à l'école classique andalouse. Très jeune, il côtoiera les grandes formations comme El- Moutribia et El-Moussilia. Son profond attachement au patrimoine algérien l'incita à réaliser plusieurs timbres-poste de 1963 à 1980. Cette expo-hommage entre dans le sillage des rendez-vous plastique qu'organise depuis le début de l'année le Musée national des beaux arts, qui a entamé la série des découvertes des grands noms de la peinture avec une première expo intitulée “ Alger vue par les artistes Benaboura, Samson, Racim et Zmirli”, et la deuxième consacrée à la céramique et présentée par la famille Boumehdi. La troisième expo a été organisée à l'occasion de la Journée mondiale des musées, alors que la quatrième est comme vous le savez, consacrée à M. Temmam. Pour les responsables du musée, “ces quatre expositions ont toutes un point commun, celui de rendre hommage à des artistes disparus, à l'exemple de Benaboura, Boumehdi, Baya et Temmam”. Chez Mohamed Racim tout comme chez Temmam, la démarche artistique était celle d'œuvrer à faire revivre la tradition de l'enluminure. C'est à partir de là qu'a été introduit en Algérie le genre oriental de la miniature. Les travaux de Mohamed Racim comme ceux de Temmam étaient littéralement conçus en faveur du colonisé. Leurs œuvres étaient également une sorte de célébration nostalgique des fastes du passé, palais, patios et princesses, vasques et gazelles, ne permet encore qu'une expression oblique de l'identité algérienne. C'est sous ces deux seules formes, hormis la parenthèse romaine, que la figuration se développe d'ailleurs chez nous, sur le sol de plusieurs millénaires d'expressions populaires symboliques abstraites, berbères et arabes, intégrées dans la vie quotidienne à travers l'architecture et le mobilier, le tissage et la poterie, le travail du cuir et des métaux, où l'image représentative est des plus rares, sinon quasiment absente. Car la première génération d'artistes algériens, reproduisait seulement les motifs puisés dans le patrimoine musulman, partant du principe du colonisateur voulant que l'autochtone fût beaucoup plus apte à reproduire des motifs qu'à en créer. Le colonialisme français mit alors au point une stratégie de développement des arts de la miniature, de l'enluminure, de la céramique et de la décoration sur bois. Elle permit à des artistes comme les frères Racim, Bendebbagh, Haminoumna, Temmam, Ranem et tant d'autres de percer et de pratiquer à leurs débuts un métier beaucoup plus qu'un art.