Les ONG, si puissantes par habitude à faire pression sur les Etats ne s'intéressent guère à l'Irak et continuent à focaliser sur d'autres pays, tels que l'Algérie en mettant en évidence la passivité de l'état à résoudre la problématique des disparus, de la torture en Tunisie, des harcèlements de la presse au Maroc, de la violation des droits humains au Soudan, au Kurdistan, à Cuba pour ne citer que ceux-là. A ce titre, toutes les ONG rencontrées à Genève tentent de faire pression sur les états pour obtenir des résolutions sur leurs pays respectifs en organisant des tables rondes, distribuant des tracts et intervenant en session plénière. C'est là que s'impose notre constat. Personne ne parle de l'Irak, ni les états qui semblent faire bloc autour de l'Amérique ni les ONG qui, finalement, ne trouvent aucun intérêt dans une implication en Irak. Dans des discussions à bâtons rompus avec des délégations arabes, étatiques notamment, il ressort que la situation en Irak, préoccupante au possible, est imposée par la nécessité pour le peuple irakien de se libérer du joug de Saddam qui a affamé, gazé, torturé, harcelé son peuple. En somme, le président irakien doit assumer pleinement la responsabilité de cette guerre, une responsabilité que les Etats ne sont pas prêts à assumer. Pourtant, cette prise de position reste très éloignée des aspirations des populations arabes qui l'ont largement démontrée en occupant les rues. Le seul fait marquant ici, à Genève, concernant l'Irak, est la deuxième rencontre convoquée sur initiative de la Suisse, qui s'est tenue mercredi 2 avril et qui a regroupé 30 Etats et 20 organisations. A cet effet, une première rencontre a eu lieu avant les hostilités, les 15 et 16 février dernier. Cette deuxième rencontre, présidée par Toni Frish, délégué à l'aide humanitaire de la Direction pour le développement et la coopération (DDC) que Berne a voulue dépourvue de tout caractère politique, a étudié la question de l'accès aux populations civiles à l'intérieur de l'Irak, des suites à donner au programme “Pétrole contre nourriture” et des rapports entre militaires et personnel humanitaire. Cette rencontre n'a été qu'une plate-forme de discussions en attendant de pouvoir annoncer un résultat concret. Néanmoins, les participants ont lancé un appel au respect des droits de l'Homme. La Suisse voudrait réitérer, en somme, l'opération Focus qui a permis, en 1999, l'acheminement des convois humanitaires en Yougoslavie. Cette rencontre à laquelle ont été conviées les missions permanentes à Genève avec la participation, cette fois-ci, des Américains qui avaient boudé le premier rendez-vous, s'est faite sans la représentation de l'Irak qui n'a pas été invité, pour éviter de politiser cette rencontre, a estimé la DDC. N. B.