La tendance vers le vieillissement du député est très nette entre les deux législatures. Ce qui est vraiment paradoxal pour un pays considéré comme jeune, du fait qu'environ 75% des Algériens ont moins de 35 ans. En annonçant les résultats officiels des élections législatives du 17 mai dernier, au lendemain du vote, le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni a livré aux représentants de la presse quelques chiffres en rapport avec le scrutin. Si les éléments d'information relatifs à la nouvelle configuration de la Chambre basse du Parlement, ainsi que les rapports de force qu'elle a induits ont naturellement capté l'attention des présents, quelques autres données techniques se rapportant aux catégories d'âge des candidats heureux de ce scrutin n'ont pas bénéficié de ce traitement. Et pourtant ! L'Algérie, qui compte une population majoritairement jeune, aura une Assemblée jugée trop vieille. En effet, une petite comparaison entre les composantes de l'ancienne et de la nouvelle Assemblée fait ressortir une tendance nette au vieillissement des membres de cette chambre. Les résultats du scrutin ont dévoilé, au-delà des couleurs politiques des nouveaux députés, une institution composée à majorité absolue de membres âgés de 51 ans et plus. Ils sont précisément 199 députés à avoir plus de 51 ans, soit plus de la moitié des membres. Les députés, qui ont entre 51 et 60 ans, sont les plus nombreux avec 156 sièges, alors que lors de la précédente législature, ils n'étaient que 96. On observe dans ce même registre une progression de la catégorie de députés âgés de plus de 60 ans. Si les élections de 2002 ont livré une APN qui comptait seulement 13 députés de cette catégorie d'âge, dans la présente législature ils sont 43. La hausse sensible enregistrée dans le nombre de députés de cette catégorie d'âge s'est bien évidemment répercutée sur les autres couches qui ont connu, elles, une nette décroissance. Ainsi, si la catégorie d'âge se situant au-dessous de 30 ans n'a pas réellement évolué (de 5 à 4 députés), les tranches d'âge allant de 31 à 50 ans ont tout simplement périclité. 85 députés de la précédente Assemblée avaient entre 31 et 40 ans et 190 avaient entre 41 et 50 ans. C'est dire que lors de cette mandature, plus des deux tiers des députés étaient âgés entre 31 et 50 ans. L'on constate, par contre, que dans la nouvelle composante, il n'y a que 35 députés âgés de 31 à 40 ans et 133 autres âgés entre 41 et 50 ans. La tendance vers le vieillissement du député est donc très nette entre les deux législatures. Ce qui est vraiment paradoxal pour un pays considéré comme jeune, du fait qu'environ 75% des Algériens ont moins de 35 ans, si l'on se réfère aux statistiques officielles. La représentation au sein de la Chambre basse du Parlement ne répond donc pas du tout à la configuration générale de la population. Mais, à qui la faute ? Elle incombe, assurément, aux formations politiques qui, selon toute vraisemblance, n'ont pas accordé d'importance au paramètre de l'âge, préférant envoyer aux avant-postes des listes de candidatures les personnes les plus âgées. C'est dire que les partis, malgré leurs discours enchanteurs, continuent de marginaliser le potentiel juvénile que compte le pays. Le taux d'abstention enregistré lors du dernier scrutin est, à ce propos, un message très fort à l'adresse et du pouvoir et de la classe politique. Hamid Saïdani