La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a rejeté sans ménagement les suggestions du directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique, l'égyptien Mohammed El Baradei, sur le dossier nucléaire iranien. C'est une vraie mise en garde qui est adressée au Prix Nobel de la paix (cuvée 2007). “Ce n'est pas l'AIEA qui négocie avec l'Iran”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine dans l'avion la conduisant en Allemagne où elle participe à une réunion ministérielle du G8. Pour la principale collaboratrice de Bush, l'AIEA n'est qu'un instrument et que dans le cas de l'Iran, c'est le Conseil de sécurité qui décide, en référence à ses cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France). Mme Rice a ajouté au cinq l'Allemagne, qui participe aux négociations sur le programme nucléaire iranien. Mme Rice a fermement rejeté la suggestion exprimée récemment dans la presse par le chef de l'AIEA d'engager le dialogue avec le régime iranien dès lors qu'il est parvenu à la maîtrise de la technologie. En proposant la diplomatie pour remettre l'Iran dans le dispositif prudentiel de l'AIEA, Mohamed El Baradei est, pour ainsi dire, accusé de complaisance à l'égard de candidats au nucléaire ! “Nous sommes fermes sur la nécessité pour l'Iran de suspendre ses activités d'enrichissement de l'uranium”, a déclaré Mme Rice ne rejetant pas l'idée d'un recours à la force si Téhéran persiste à ne pas vouloir accepter les résolutions de l'Onu. La série de mesures incitatives proposées il y a un an par les Six, les cinq du Conseil de sécurité plus l'Allemagne, ne sont toujours pas agréées par Téhéran, qui souffle le chaud et le froid, sachant que l'administration américaine n'a plus la superbe d'avant. L'Allemagne ne s'est pas associée au charcutage d'El Baradei : seuls des représentants américains, britannique et français avaient rencontré la semaine dernière El Baradei à Vienne, siège de l'AIEA, pour protester contre ses propos. Mme Merkel n'a pas envie de voir s'envoler de l'Iran les intérêts économiques et financiers de son pays. D. B.