Le président américain George W. Bush s'est déclaré “inquiet” pour l'état de la démocratie en Russie, dans un entretien accordé hier au quotidien polonais Gazeta Wyborcza. “Nous nous inquiétons pour la démocratie en Russie. Vladimir Poutine nous assure que la démocratie va très bien dans son pays, mais nous voyons cela de façon différente”, a déclaré le président américain, dans cet entretien accordé à Washington également à des journaux allemand, italien, tchèque et bulgare. “Nous n'hésitons pas à soulever cette question, de même que celle des relations de la Russie avec ses voisins. Nous avons eu récemment un différend entre la Russie et l'Estonie. Cela n'était pas pour nous un signal positif”, a encore déclaré M. Bush. Le président américain a une nouvelle fois rejeté les critiques de la Russie concernant le projet américain de l'installation en Pologne et en République tchèque d'éléments d'un bouclier antimissiles. “La rhétorique russe, c'est du réchauffement de la guerre froide, en justes termes utilisés par Robert Gates”, a estimé le président américain. Une fois de plus, George W. Bush a rassuré que le bouclier ne constituait aucune menace pour la Russie. “Nous voulons que le bouclier protège les Etats libres et démocratiques des pays voyous. La Russie n'est pas un Etat voyou, elle n'a donc rien à craindre”, a souligné le président américain. Selon lui, une “amitié proche” était possible entre les Etats-Unis et la Russie. Ces déclarations interviennent après que le président russe Vladimir Poutine eut dénoncé, jeudi, le “diktat” et l'“impérialisme” des Etats-Unis dans le monde et annoncé que l'essai d'un nouveau missile intercontinental était une “réponse” directe au projet de Washington de déployer un bouclier antimissiles en Europe. “Le monde a changé et il y a eu des tentatives de le rendre unipolaire. Certains acteurs des affaires internationales ont voulu dicter leur volonté à tout le monde”, a-t-il déclaré, en une référence claire aux Etats-Unis, lors d'une conférence de presse avec son homologue grec. “Ce n'est rien d'autre qu'un diktat, rien d'autre que de l'impérialisme”, a-t-il martelé, utilisant une rhétorique très en vogue au Kremlin à l'époque soviétique, avant le sommet du G8, qui se réunit du 6 au 8 juin à Heiligendamm (Allemagne). “Nous estimons que c'est très dangereux et nuisible”, a souligné Poutine. Commentant l'essai, mardi, d'un nouveau missile intercontinental russe à têtes multiples, il a souligné que c'était une “réponse” aux actions “unilatérales” de certains pays, dans une allusion notamment au bouclier antimissiles américain en Europe. “Il ne faut pas avoir peur des actes de la Russie, ils ne sont pas agressifs. Ils sont juste une réponse aux actes unilatéraux, durs et infondés de nos partenaires”, a-t-il déclaré. “Nous avons signé et ratifié le traité sur les Forces conventionnelles en Europe et nous le respectons. Nous avons repositionné au-delà de l'Oural toutes nos armes lourdes, réduit nos forces armées de 300 000 hommes. Et nos partenaires ? Ils remplissent l'Europe centrale de nouveaux armements. Une nouvelle base en Bulgarie, encore une en Roumanie, des intercepteurs en Pologne, un radar en République tchèque”, a-t-il énuméré. “Ce ne sont pas nous les initiateurs d'une nouvelle spirale de la course aux armements”, a-t-il dit cité par l'agence Itar-Tass. R. I./Agences