La guerre contre les groupuscules radicaux palestiniens au Liban s'est étendue à un autre camp de réfugiés. De violents accrochages au mortier ont opposé l'armée libanaise à des militants islamistes palestiniens, Jound El-cham, à l'entrée du camp d'Aïn Héloué, à Saïda, au Liban Sud. Ces incidents ont éclaté alors que l'armée libanaise est engagée depuis le 20 mai dans des combats avec le Fath El Islam, un autre groupuscule islamiste, retranché dans le camp palestinien de Nahr al Bared, dans le nord du Liban. Selon la police libanaise, les heurts à Aïn Héloué ont éclaté dimanche passé lorsqu'un membre du Jound el-Cham a jeté une grenade sur un poste de l'armée. Auparavant, un accrochage avait déjà opposé, toujours à Aïn Héloué, le mouvement palestinien Fath au Jound El-Cham, dont les forces sont estimées à une soixantaine d'hommes ! Aïn Héloué, situé en périphérie de la ville portuaire de Saïda, est le plus peuplé des 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban avec 45 000 habitants : le dixième des palestiniens réfugiés au Liban. Le Fath du président palestinien Mahmoud Abbas est prédominant dans ces camps, où l'armée libanaise n'a pas le droit de pénétrer en vertu d'accords anciens entre le Liban et les Palestiniens. Mais les groupes islamistes, notamment salafistes, ont renforcé leur présence ces dernières années dans ces camps. Le Jound El-Cham, installé à Aïn Héloué, est un groupe salafiste comme le Fath El Islam à Nahr al Bared. contrairement à ce dernier, qui compte des combattants de diverses nationalités arabes, les membres du Jound El-Cham sont tous Palestiniens. Il entretient des liens avec le Ousbat al Ansar, un puissant groupe islamiste palestinien, qui a participé en 2000 à des combats entre des islamistes et l'armée libanaise à Denniyé, dans le nord du Liban. Plusieurs de ses membres se sont alors réfugiés à Aïn Héloué. Selon l'ONU, environ 450 000 Palestiniens vivent au Liban, dont la moitié s'entassent, dans des conditions misérables, dans les douze camps devenus au fil des années de véritables villes bâties en dur. Installés au Liban après la création en 1948 de l'Etat d'Israël, les palestiniens ne doivent leur survie qu'à l'aide fournie par l'Unrwa (l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens), qui a malheureusement réduit ses budgets au fil des ans, et sur les versements irréguliers de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l'aide des sponsors de l'islamisme radical, dont Hamas à la tête du gouvernement d'union nationale palestinien. Dans ce contexte de misère sociale, les palestiniens étant exclus au Liban d'une liste de 70 métiers, les camps, dédales de venelles insalubres et de constructions anarchiques, sont devenus un terrain fertile pour l'extrémisme islamiste, bien qu'officiellement, ils sont contrôlés par les formations politico-militaires palestiniennes, en particulier, le Fath du président Mahmoud Abbas. D. Bouatta