Le stade mythique du Camp Nou de Barcelone aura vécu, mardi soir, un show footballistique exceptionnel qui fera certainement date dans les annales du football algérien. Et pour cause, ils étaient plus de 30 000 spectateurs algériens et argentins en étroite communion sportive à voir une soirée mémorable faite d'ambiance colorée, de prouesses techniques haut de gamme et pour finir d'un véritable festival offensif au grand bonheur des supporters des deux camps, déjà connus pour leur attachement au jeu spectaculaire. Des quatre coins de la France et de l'Espagne, des milliers de fans algériens ont défilé dans les rues de Barcelone, bien avant le coup d'envoi, comme pour annoncer que les Verts n'étaient pas venus faire du tourisme en Catalogne, mais qu'ils étaient décidés à tenir tête à l'ogre argentin malgré la dimension planétaire des Messi, Ayala, Crespo, Zanetti, et autres Aymar et Camviasso. Et à défaut de se contenter de limiter les dégâts, les Ziani, Belhadj, Mansouri et autres Antar-Yahia parviennent même à rivaliser et à tenir tête durant toute la partie à cette belle formation argentine constituée de vedettes qui font — comme on le sait — le bonheur et la puissance de grands clubs européens comme le FC Barcelone, le Real de Madrid, le FC Valence ou encore, l'Inter de Milan, rien que cela. Pourtant, dès le coup d'envoi, les Argentins se ruent littéralement à l'assaut des buts algériens et sur une mauvaise passe de Mansouri, Diego Militi intercepte le cuir et tente une pénétration en force pour se faire crocheter finalement par Bouzid. Le penalty tout à fait logique est sifflé par l'Espagnol Alvaz Izquierdo et Tevez ne s'est pas fait prier pour prendre à contre-pied Hadjaoui (1'). On jouait à peine une minute de jeu et l'Argentine accentuait la pression pour permettre à Burdisso d'ajouter un second but de la tête, mais il sera sanctionné d'une position de hors jeu (8'). Et alors qu'on craignait le pire pour cette jeune équipe algérienne, voilà que le revenant Belhadj —absent au Cap-Vert pour raison de suspension — ajustait un superbe corner sur lequel Antar-Yahia, monté en attaque, plaçait une tête victorieuse (10'). Cette égalisation pas du tout attendu au moment fort de la domination argentine, eut l'énorme mérite de les remettre en confiance, voire même de les décomplexer face à l'ogre argentin, puisque Belhadj (12'), Amri (14') et Ziani (18') adressent des centres vicieux qui semèrent la zizanie au sein de la défense argentine puisque Pinola et le gardien Abbondanzieri jouèrent hâtivement aux “pompiers” pour éteindre le feu. Certes, Tevez réagissait par un coup franc bien enveloppé qui trouva Hadjaoui à la réception (21'), mais ce fut bien Meniri qui faillit tromper encore la vigilance du gardien Abbondanzieri obligé de s'y prendre à deux fois pour maîtriser le cuir (22'). Visiblement surpris et progressivement contrariés par l'audace et surtout la vivacité des Algériens, les Argentins tentent de réagir par le biais de ces techniciens de haute lignée que sont Messi, Ayala et Cambiasso, mais Diego Milito gâchait une occasion en or en plaçant au-dessus de la traversable une bonne balle qui aurait pu redonner l'avantage aux Bleu et Blanc (24'). Bien au contraire, ce fut bien les Algériens, portés aux nues par des milliers de supporters en délire qui semèrent la panique dans l'arrière-garde argentine, et par trois fois de suite s'il vous plaît, par l'entremise de Amri époustouflant et qui adressa trois centres ravageurs sur lesquels les Verts auraient pu encore créer la surprise (26', 31', et 33'). Il est vrai que l'Argentine possède en Messi un véritable “chef d'orchestre symphonique” comme le prouve cette infiltration tout en finesse dans les six yards algériens pour voir finalement son tir buter sur le petit filet (40'). Et surprise pour surprise, les Algériens réussiront finalement le scénario qu'on n'attendait guère avant la pause lorsque Nadir Belhadj exécutait Abbondanzieri d'un coup franc direct du pied gauche alors que la défense argentine était dans les nuages (42'). Et lorsque l'arbitre espagnol Izquierdo sifflait la pause en faveur, des Algériens (2-1), la grosse stupéfaction envahissait incroyablement le stade mythique du Camp Nou alors que les fans algériens fêtaient déjà l'exploit inimaginable au moyen de tambours et de fumigènes. Après la pause, la révolte argentine ne tarda pas à entraîner des ravages au sein de la défense algérienne qui fit preuve pourtant d'un courage et d'une solidarité sans faille. Mais voilà qu'en foot, le cœur ne suffit pas car l'insolence technique des Argentins finira bien par avoir raison du “nif” des Algériens. Après un premier rush dévastateur de Tevez dans le périmètre algérien (49') suivi d'un tir canon de l'insaisissable Messi sur le montant gauche de Hadjaoui (52'), l'Argentine finira par faire valoir sa supériorité évidente et rétablir ainsi la loi hiérarchique. En deux temps, deux mouvements, elle renversait logiquement la situation d'abord par Messi qui égalisait sur un autre penalty logique de Meniri (53') avant qu'un centre de Zanetti sera ponctué d'une belle reprise de tête en pleine lucarne de Cambiasso (56'). L'homme était bien sauf pour les Sud-Américains qui allaient creuser encore l'écart au prix d'un relais de balle agréablement synchronisé par le tandem de charme, Aimar-Messi qui vit ce dernier se présenter seul face à l'infortuné Hadjaoui et scorer d'une belle pichenette comme à l'entraînement (73'). À 4-2 l'on se mit à craindre le pire pour les Verts qui, pourtant, éprouvèrent bien du plaisir à taquiner les Argentins et se permettre même le luxe de rivaliser avec pour voir finalement Belhadj réduire une fois de plus l'écart en rééditant pratiquement le même “coup de poker” puisqu'il exécutait d'un coup direct bien enveloppé Abbondanzieri (75'). À 4-3, c'était bel et bien la cerise sur le gâteau pour les Algériens qui caressèrent même le rêve fou de rétablir l'équilibre sur une reprise de tête foudroyante de Meniri repoussé in-extremis par Pinola (81'). Et pour parachever un aussi beau show, les Argentins finiront par créer deux grosses brèches grâce à la terrible force de percussion du tandem de feu Messi-Aymar (86' et 90'), mais la défense algérienne réagit superbement comme pour signifier, en fait leur obstination héroïque à sortir du Camp Nou avec les honneurs, ce qui fut fait. Et bien fait ! Une génération nouvelle est en train de naître. Qui sait ? Ils ont dit : Jean-Michel Cavalli (entraîneur Algérie) : “Les joueurs sont à féliciter pour leur excellente prestation. Ils sont restés concentrés durant tout le match et ont même réussi à se faire plaisir et à réaliser avec les Argentins qui ont bénéficié, il ne faut pas l'oublier, deux pénalties. Je pense que nous avons offert du bonheur à des millions d'Algériens et c'est un signe prometteur pour l'avenir et une bonne préparation pour le prochain match décisif de la CAN face à la Guinée.” Yazid Mensouri (capitaine - Algérie) : “Je pense que nous avons fourni une bonne prestation face à l'Argentine qui n'est plus à présenter. Nous avons joué sans complexe et avons réussi à imposer notre jeu habituel ce qui a gêné considérablement l'adversaire qui ne s'attendait certainement pas à une telle riposte. C'est encourageant pour l'avenir de cette équipe.” Antar Yahia (auteur du 1er but algérien) : “Beaucoup de gens s'attendaient à une simple formalité et pensaient que l'équipe d'Algérie était une proie facile face à l'Argentine, mais nous avons démontré le contraire. Dites-vous bien que nous n'avons pas abordé le match pour limiter les dégâts et perdre honorablement, mais nous nous sommes défoncés sur le terrain pour tenter de gagner surtout que la coach nous a bien motivés”. Lionel Messi (auteur du doublé argentin) : “L'Algérie a une bonne équipe. Bravo !” Carlos Tevez (auteur du 1er but argentin) : “L'Algérie a fourni un bon match. J'ai été personnellement surpris par la solidité de la défense algérienne”. M. h.