La capitale chinoise a vécu une soirée mémorable mardi à l'occasion du match comptant pour la demi-finale du tournoi olympique de football, qui a mis aux prises les artistes de la samba à leurs éternels rivaux de la pampa. Les Pékinois n'oublieront pas de sitôt l'effervescence provoquée par ce match, constituant une finale avant la lettre du tournoi de football des JO, au Worker's Stadium (stade des travailleurs), qui est le troisième stade olympique de la capitale chinoise. La présence des deux superstars du football mondial, que sont l'Argentin Messi et le Brésilien Ronaldinho, a suscité un engouement exceptionnel chez les amateurs chinois du ballon rond. Déjà, la matinée les fans des deux équipes se pavanaient dans les rues et près des installations sportives avec des maillots des deux sélections, particulièrement ceux des deux joueurs cités plus haut. C'était le sujet de discussion numéro un, notamment dans le milieu de la presse. Dans l'autobus, qui nous transportait au stade, deux journalistes argentins, dont un ressemblait énormément au champion du monde argentin de boxe des années soixante-dix Carlos Monzon, donnaient l'impression d'être pessimistes, ils redoutaient la motivation des joueurs brésiliens, qui ont montré beaucoup de détermination dans leur jeu depuis le début du tournoi. Il n'en demeure pas moins qu'ils gardaient l'espoir de voir Riquelme et les siens prendre la mesure des Auriverdes. Les échanges de propos entre les journalistes durant tout le trajet, qui a duré un peu plus d'une heure, n'avaient pour objet que cette confrontation au sommet entre artistes du sport roi à l'échelle planétaire. Embouteillages monstres Il faut dire qu'à l'approche du début du match, la circulation routière devenait de plus en plus dense du côté du Stade des travailleurs. Le trajet, reliant le centre de presse central (Main Press Center) à la salle abritant les combats de boxe, mitoyenne du stade et portant le même nom, que l'on faisait habituellement en trente-cinq minutes, a duré cette fois-ci deux fois plus. Les rues et les avenues menant à l'enceinte sportive étaient doublement encombrées. En effet, le nombre impressionnant de spectateurs qui se rendaient au stade a doublement gêné la circulation. En effet, en raison de l'encombrement des trottoirs, beaucoup de personnes débordaient sur la chaussée perturbant le trafic routier. C'est au niveau des carrefours et des passages piétons que les véhicules se retrouvaient bloquées parfois plusieurs minutes. Une image saisissante de l'engouement des Chinois pour ce genre de matches est celle d'un couple sur une moto avec un bébé entre eux. La maman soulevait le bébé arborant le vert et le jaune, couleurs des Brésiliens, et criait le nom de Ronaldinho. Très cool les policiers, fort ombreux, en charge de la réglementation de la circulation routière, étaient au four et au moulin afin d'éviter les embouteillages. Leur travail était toutefois facilité par la discipline exemplaire des piétons, même si parfois quelques-uns ne respectaient pas les feux tricolores. Services de sécurité sur les dents Vu l'importance de l'affluence à proximité du Stade des travailleurs en raison du déroulement des quarts de finale simultanément dans une salle faisant partie du même complexe sportif, les organisateurs ont donné un tour de vis supplémentaire au contrôle à l'entrée des installations sportives, déjà sévères. Ainsi, les véhicules de la presse, qui rentraient en général sans aucune vérification car venant d'endroits déjà contrôlés, ont été passés au peigne fin. Le personnel chargé des vérifications était très regardant, notamment en ce qui concerne les badges des journalistes, dont l'un d'eux a été prié de descendre de l'autobus, pour rentrer avec le public, parce que son accréditation ne lui permettait pas d'accéder à la tribune de presse. À 20h30, soit une demi-heure avant le coup d'envoi de la rencontre, les gradins étaient loin d'être remplis. Les joueurs des deux camps étaient en train d'effectuer leur séance d'échauffement, sous les regards admiratifs des spectateurs et leurs clameurs, à chaque fois que Ronaldinho ou Messi réalisait des gestes techniques de haute facture. Entre-temps, les tribunes s'emplissaient à vue d'œil. Stade plein comme un œuf À 20h50, lorsque les deux équipes firent leur entrée officielle sous la direction de l'arbitre l'Uruguayen Martin Vasquez, il n'y avait presque plus de places vides. Le moment le plus attrayant fut durant l'exécution de l'hymne national brésilien, lorsque Ronaldinho apparut sur les écrans géants du stade. Une grande clameur salua l'ex-meneur de jeu du FC Barcelone. Le bras droit sur le cœur et chantant l'hymne de son pays, le futur rossoneri a fait exploser l'applaudimètre. Au cours du match, tous les yeux étaient braqués sur lui, dès qu'il recevait la balle, on entendait les clameurs du public. Ce dernier était en majorité acquis au Brésiliens. “Brasil, Brasil, Brasil…”, fusaient des gradins. De timides “Argentina” leur répondaient de temps à autre. Tout ce soutien ne suffit pas pour transcender, les Diego, Ronaldinho et autre Marcelinho, dominés par les Argentins. C'est en seconde période que Riquelme et les siens ont littéralement assommé les protégés de Dunga, en marquant pratiquement coup sur coup trois buts. C'en était fini des chances des Brésiliens, incapables de renverser la vapeur. La rivalité légendaire entre les deux pays est plus que visible dans la tribune de presse entre les journalistes des deux pays. Alors que les journalistes argentins jubilaient, leurs homologues brésiliens ruminaient leur ire, et la faisaient passer en critiquant leurs joueurs. À l'approche de la fin du match, c'était la ruée pour obtenir le fameux sésame pour assister à la conférence de presse. Le responsable de la FIFA chargé de l'opération de distribution des autorisations d'accès à la salle a eu toutes les peines du monde à contenir les assauts des journalistes. Ce responsable, qualifié de zélé par ceux qui n'ont pu accéder, a eu droit à des remarques peu chevaleresques. Il y eut une grande bousculade devant la porte d'entrée de la salle abritant la conférence de presse. Les caméramen et les photographes, avec leurs appareils au poing tentaient de forcer le passage. Cela a duré beaucoup de temps et les agents de sécurité chinois veillaient au grain. Pendant ce temps, le public quitter lentement le stade. Les fans de l'Argentine, les visages teintés de bleu, ainsi que des perruques de même couleur et vêtus de maillots de leur équipe favorite, faisaient la fête et taquinaient les supporters des cariocas. Ces derniers, bien qu'abasourdis par l'ampleur de la défaite (3 à 0), cherchaient à se faire photographier avec des joueurs brésiliens ou leur encadrement technique. D'autres étaient en quête d'autographes. Mais, à ce moment-là, il était peut-être plus facile d'accrocher une véritable étoile que d'approcher les stars de la samba. Des haies humaines formées d'agents de sécurité et de l'organisation empêchaient toute intrusion dans les vestiaires des deux équipes. Au bout d'une demi-heure, l'enceinte s'était entièrement vidée et chacun repartait chez lui la tête pleine de souvenirs et ravi d'avoir eu l'occasion de voir jouer devant lui les vedettes du football international que sont les joueurs des deux équipes. K. A.