Pour l'ambassadeur de l'Union européenne à Alger, le Vieux Continent table sur une coopération dans des conditions de développement durable. Lors de son intervention au colloque sur la gouvernance, qui s'est déroulé jeudi passé à l'université de Sidi-Achour à Annaba, l'ambassadeur et chef de la délégation de l'Union européenne à Alger, M. Wolfgang Plasa, a abordé le sujet des relations entre l'UE et l'Algérie en insistant sur le fait que “notre politique de voisinage n'est pas une politique néo-impérialiste”. Et d'ajouter : “Nous tablons sur une coopération dans des conditions de développement durable. Je suis ici depuis 6 mois et je compte faire tout mon possible pour réaliser cet objectif tant que je suis en place.” Voulant donner aussi son avis sur la gouvernance, M. Plasa a affirmé : “Certes, la bonne gouvernance est l'application de la démocratie à l'économie. Mais en est-elle une condition ?” Une question à laquelle il a répondu en citant l'exemple d'un pays qu'il n'a pas nommé : “Il y a un pays avec un fort taux de croissance annuel et dont la situation ne peut que nier la relation entre ce que nous avons dit.” Même s'il ne l'a pas nommé, les présents avaient bien compris qu'il faisait référence à la Chine. Le représentant européen n'était pas la seule “personnalité” présente au colloque organisé par le forum algérien pour la citoyenneté et la modernité. Parmi elles, il y avait l'ex-Premier ministre, Ahmed Benbitour, qui a été d'ailleurs le premier intervenant. Dans son allocution intitulée “Gouvernance et développement”, il a donné sa vision sur les concepts de développement et de gouvernance et les défis auxquels font face les dirigeants. Entre autres recommandations, l'ex-Chef du gouvernement a insisté sur le fait qu'“on ne peut réussir des réformes avec des interventions de l'extérieur” et que “le manque de leadership est au cœur des crises et peut entraver le succès des réformes”. De son côté, le professeur Sid-Ali Boukrami (directeur de l'Institut d'études douanières et financières) avec son habituel humour et sa nonchalance, a su captiver l'assistance par une intervention axée sur “les nouveaux enjeux économiques et la gouvernance”. En donnant plusieurs exemples sur des situations précises, que ce soit sur le plan national ou international, l'expert des finances internationales a voulu expliquer à l'assistance sa conception des enjeux économiques. Il a ainsi préconisé la libéralisation des services avant de montrer l'importance des fonds de placement à l'étranger. Par contre, M. Mohamed Chérif Belmihoub (professeur à l'ENA) a mis en exergue le manque de transparence dans la gestion du pays. Il a ainsi attiré l'attention de l'assistance sur plusieurs exemples où les pouvoirs publics ont été loin d'être transparents. Il a ainsi posé la question sur l'avantage et l'intérêt des SGP avant d'aborder le cas de Mittal Steel propriétaire majoritaire depuis 2001 du complexe sidérurgique d'El-Hadjar : “On parle de transparence alors que la convention signée entre l'Etat et Mittal Steel n'a jamais été publiée. On s'est juste contenté de mentionner qu'il y a eu signature entre les deux parties”. D'autres intervenants ont aussi abordé le sujet de la gouvernance où on a noté les contributions de Marc Thoulen, directeur de l'association de la ville et des communes belges, de maître Lahcène Seriak (docteur en droit et avocat à la cour), du docteur Abdelhak Lamiri (directeur de l'Institut international des études supérieures en commerce et management) et enfin de Salim Mazri, directeur central de l'audit de gestion à Sonelgaz. Des débats très intéressants ont ainsi émaillé le colloque avec parfois des discussions “houleuses” sur la situation actuelle du pays. Des ateliers ont aussi ponctué ce rendez-vous avec des recommandations établies avant la fin des travaux. Aussi, les présents ont tous insisté sur l'importance de ce genre de rendez-vous et l'urgence de les multiplier. C'est surtout l'avis de Nouredine Sbia, le président du forum (FACM) : “C'est un espace libre dans lequel on veut impliquer des élites et des compétences. Il y a un besoin évident d'élévation du niveau de conscience des citoyens, de les faire participer à la gestion des affaires publiques et de les rapprocher des gouvernants”. Il a tenu à ajouter que “le concept de démocratie participative n'est pas nouveau pour nous.” Salim KOUDIL