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Chakib Khelil : “Une délégation de Gaz de France sera à Alger dans les prochains jours” En vue d'un rapprochement d'une coopération stratégique avec Sonatrach
Pour le ministre de l'Energie, l'Algérie est en train de brader son gaz en Espagne. Le ministre de l'Energie, M. Chakib Khelil, a indiqué à la presse, samedi dernier, qu'une délégation française incluant des représentants de Gaz de France sera à Alger la semaine prochaine. Paris semble mettre le cap sur un rapprochement entre Sonatrach et Gaz de France, voire Suez. Le président français avait envisagé comme l'une des options possibles une fusion entre Sonatrach et Gaz de France. Il s'agirait plutôt d'un rapprochement d'une coopération stratégique entre Sonatrach et ces deux compagnies françaises. Un accord majeur pourrait être conclu à l'issue de cette visite. Côté relations avec l'Espagne, les nuages ne se sont pas dissipés. Nouveauté dans le bras de fer avec les autorités espagnoles, M. Khelil menace de recourir à la justice si Madrid continue de bloquer les négociations sur la révision des prix du gaz. “Sonatrach va recourir à la justice internationale neutre et spécialisée conformément à une disposition du contrat que nous avons signé avec Gas Natural qui prévoit cette option dans le cas où les négociations entre les deux parties n'arrivent pas à aboutir.” C'est ce qu'a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines quant au refus de la compagnie espagnole de revoir à la hausse les prix du gaz que lui vend Sonatrach à travers le gazoduc qui passe par le Maroc. Cette décision a été prise car, expliquera-t-il, Gas Natural a refusé l'arbitrage international et les négociations dans ce sens. Sonatrach a le droit de renégocier les prix depuis deux ans. “Les prix de commercialisation sont en baisse par rapport à ceux pratiqués sur le marché espagnol. Nos pertes à ce propos sont estimées à 300 millions de dollars US/an”, arguera M. Chakib Khelil. Selon le ministre, la compagnie nationale a demandé une révision à la hausse de 20% sur les prix pour atteindre la moyenne des tarifs en vigueur dans la péninsule ibérique. “C'est 20% sur les 9 milliards de m3 que nous vendons à Gas Natural à travers le gazoduc via le Maroc. Ce volume représente 30% du volume global distribué en Espagne. La demande est, par conséquent, de l'ordre de 6% d'augmentation pour le consommateur espagnol. Mieux, nous avons proposé que nous procédions à cette hausse en deux phases de 3% chacune”, indiquera M. Chakib Khelil. Par ailleurs, l'Algérie a menacé de liquéfier une partie du gaz du gazoduc Medgaz devant la relier à l'Espagne en 2009 pour le vendre directement, affirmera le ministre, si la commission nationale de l'énergie espagnole persistait à lui refuser de récupérer les 10% de ses actions. “Si les blocages venaient à persister, Sonatrach opterait pour l'alternative de la liquéfaction de son gaz pour le vendre sur d'autres marchés dans le monde, ce qui rendrait le gazoduc Medgaz économiquement peu rentable”, menacera-t-il. Pis encore, Sonatrach s'en tiendra strictement à sa position de disposer de 36% des parts du projet de gazoduc Algérie-Espagne Medgaz, au cas où la CNE espagnole refuse de lui augmenter — sans conditions — ses actions dans le projet. “Sonatrach a envoyé, vendredi, un recours à la CNE pour que celle-ci avalise les 10% des actions héritées par l'entreprise après le retrait de BP et Total du projet”, a déclaré M. Khelil, en marge d'une conférence sur le programme national de distribution publique du gaz. Le gouvernement espagnol a, pour rappel, rejeté la demande de Sonatrach de vendre directement trois milliards de m3 de gaz sur le marché espagnol. Il a limité la part de la compagnie algérienne à un milliard de m3. Cette part a été jugée par M. Chakib Khelil de “dérisoire”. Abordant la question de la création d'une Opep de gaz, M. Khelil a souligné qu'un groupe de travail a été créé et traitera ce sujet lors d'une réunion à Moscou. “Même si nous l'acceptons, une telle décision est difficile à appliquer. Car, tous les contrats de gaz sont à long terme et que les prix du gaz sont déjà liés par une formule d'indexation sur ceux du pétrole”, rappellera-t-il. “Quel serait le rôle d'une Opep de gaz si celle-ci ne contrôle pas les volumes et les prix ?” s'est-il interrogé. La solution que préconise le ministre de l'Energie est la commercialisation du gaz sous forme de GNL. “On suppose que dans 20 ans, tous les investissements seront amortis. À ce moment-là, le GNL sera commercialisé comme le pétrole, et la possibilité d'agir à travers une variation de l'offre sur les prix sera réelle. Aujourd'hui, le marché du GNL ne représente que 10% du marché global.” B. K.