Tous les indices plaident pour l'impossible récolte des 377 100 quintaux de blé tendre, 67 800 quintaux de blé dur, 419 390 quintaux d'orge et 11 050 d'avoine. Les professionnels consultés évoquent les défavorables conditions climatiques, le déficit hydrique et le froid pendant le cycle végétal pour expliquer la situation. Toutes ces conditions préjudiciables ont endommagé les céréales et réduit la superficie à moissonner à 99 440 hectares alors qu'il a été emblavé une superficie de 131 100 hectares dont 47 730 hectares de blé dur, 9 210 hectares de blé tendre, 70 400 hectares d'orge et 3 760 hectares d'avoine. Le spectre d'une piètre saison agricole menace. En effet, la campagne moissons-battages a désormais commencé dans le nord de la wilaya de Batna. Des moissonneuses-batteuses ont fait leur apparition, ces jours-ci, dans les champs essentiellement d'orge, qui ont atteint leur développement biologique. Premières coupes et premiers commentaires. La production est faible et la qualité des céréalicultures est jugée d'assez bonne à médiocre. Si les services agricoles de la wilaya de Batna parlent des rendements de 14 quintaux à l'hectare dans les meilleures terres potentielles et appuyées par l'Etat et de 7 quintaux à l'hectare dans les terres intermédiaires et ordinaires, les versions des agriculteurs évoquent des rendements plus faibles. Rares sont les champs rentables qui ont fourni un bon rendement à l'hectare et une bonne qualité du produit. Cette chétive récolte s'explique par les conditions climatiques défavorables qui n'ont pas participé à un bon développement de la récolte et par le déficit en savoir-faire de la majorité des agriculteurs. Certains fellahs ont aussi évoqué la non-observation de la rotation des cultures par les agriculteurs. Certains fellahs, qui nous ont accompagnés sur les lieux, nous ont signalé même la maladie des céréales dite le charbon de l'orge. D'autres phénomènes effrayants, à l'exemple de la grêle et des incendies, menacent encore l'agriculture dans la wilaya de Batna. Déjà les services agricoles de la wilaya ont enregistré une superficie sinistrée évaluée à 34 660 hectares dont 11 080 de blé dur, 2 610 de blé tendre, 18 760 d'orge et 2 210 hectares d'avoine. Les céréales, l'orge et le blé, bien qu'elles occupent une place de choix dans la production de la région, risquent de ne pas couvrir les 10% des besoins de la population. Une atmosphère de lourdeur régnait partout là où nous sommes passés. Encore une récolte de perdue ! La plupart des agriculteurs ont préféré faucher leurs champs pour en faire du foin à leur bétail. Ils expliquent cette attitude par la mauvaise qualité du produit et la cherté de la location de la moissonneuse-batteuse, dont le prix varie entre 2 100 et 2 500 DA. “Les dépenses seront plus onéreuses que les bénéfices que l'on tire de la piètre récolte”, argumentent les agriculteurs. Ce phénomène est plus observable à travers les terres des communes de Djerma, Boumia, El Madher, Aïn Yagout, où les agriculteurs ont préféré le couper en foin. Du côté des plaines de Chemora, de Boulhlilet, d'El Kouachia, la réalité est encore plus pénible. La plupart des propriétaires ont préféré lâcher leurs troupeaux dans les champs ou les louer aux nomades. Encore une autre campagne moissons-battages indigeste à oublier, bien que toutes les conditions matérielles soient réunies. La direction des services agricoles parle de la disponibilité de 341 moissonneuses-batteuses dont 267 fonctionnelles, de la sécherie et de la ficelle en qualité très suffisante. Les mêmes services prévoient la mobilisation de 4 camions de 20 tonnes inter-magasins et de 5 camions à bennes de 10 tonnes destinés à la récolte du produit agricole. B. Boumaila